lundi 2 octobre 2017

En priant... François Desplanques, L'aviation de Dieu : les anges


Daniel, dans sa vision, en a vu des millions...
Dix mille fois cent mille, dit-il...
Ce qui fait le milliard bien compté !
Anges, Archanges, Principautés, Puissances, Vertus, Dominations, Trônes, Séraphins, Chérubins,
Tous les corps constitués d'une immense armée de l'Air.., ou du Ciel...
Campés à la frontière de l'Univers
Sur un signe, ils s'envolent,
Invisibles aviateurs en service commandé,
Administrateurs ailés, fonctionnaires subtils et rapides de l'Infini...
Auprès de nous
Au pied de mon lit, où je fais ma prière,
Dans mon chantier, où je tape à tour de bras,
Au fond de la mine, où je pousse une berline,
Dans le champ où je laboure,
Sur le pont que je lave à grande eau,
À mon bureau, où je lis, où j'écris,
Dans mon salon, où je bavarde,
Ils sont là, qui passent, qui repassent, qui virent et qui tourbillonnent,
Envoyés en mission, in ministerium missi.
Tout comme autrefois
Oh ! le beau film que celui des Anges, tour à tour tragique et charmant !
Lucifer, frappé en plein vol par l'Archange saint Michel, tombe, du plus haut des cieux, comme un grand avion en flammes, un trait de feu dans la nuit !
Raphaël se présente à la porte de Tobie,
Sous les traits « d'un jeune homme splendide, tout sanglé pour le départ »
Comme scoutmestre, nous n'avons pas mieux !
Gabriel, à Nazareth, salue Marie...
Y a-t-il diplomate plus gracieux ?
Y a-t-il, pour les petits bergers, camarades plus fraternels et plus joyeux que les Anges de la Grande Nouvelle ?
Y a-t-il serveurs plus aimables que ceux qui mirent la table du Christ, en plein désert ?
Y a-t-il ami plus compatissant que l'Ange de l'Agonie ? plus... débrouillard que l'Ange de saint Pierre, en sa prison ?
Encore maintenant
Ô Saint Ange Gardien, près de moi,
Vous êtes quelque chose de tout cela,
Puissant et gracieux, terrible à Satan, et plein de gentillesses pour moi.
Vous me suivez partout : au travail, à la prière, dans ma chambre, dans la rue, sur la route, au tennis, au cinéma, en pleine mer, en plein champ.
Je ne suis pas Tobie, mais si j'étais routier, vous le seriez aussi !
Mais surtout,
Vous contemplez sans cesse la Face de Dieu
Sans cesse !
Pendant que ma prière est si lourde, si éteinte, si trouée de distractions,
Tout près de moi, vous contemplez la Face de Dieu.
Pendant que je suis perdu dans mon travail et dans mon jeu... ou dans mon sommeil,
Tout près de moi, vous, vous êtes perdu dans la Lumière et dans l'Amour.
Ô Miroir étincelant de la Face divine !
Il serait bien étonnant que quelque rayon ne débordât pas de vous, sur mon travail, sur ma prière !
Vous êtes si près de moi...
Pour peu que je m'unisse à vous, que je me blottisse contre vous,
Nous serons confondus dans le même Amour,
Un liseré de lumière bordera mon ouvrage et mon outil, pour que cette pièce de bois et ce rabot, ce sillon et cette charrue, ce livre, cette plume, fassent partie de l'Œuvre Infinie.
Ainsi, le pauvre petit que je suis ne sera pas éternellement méprisé dans ses petits gestes et dans ses petits pas, puisque le Christ a dit :
Ne méprisez pas ces petits, parce que leur Ange contemple sans cesse la Face de Dieu.
Mais j'ai de bien plus grands espoirs !
Nous sommes presque des Anges
Je suis seulement un peu moins qu'eux, paulo minus ab Angelis.
Je puis donc m'associer à eux, collaborer avec eux,
Ce que je n'ai pas, ils me le donnent : leurs ailes, leur amour, leur prière sont à ma disposition.
En retour, je dois leur donner ce qu'ils n'ont pas.
Pour accomplir ici-bas leur mission, ils ont besoin de ma bouche, de mes mains, de mes pieds.
Alors?... ensemble
Chantons ! Aimons ! Luttons pour achever le Corps Mystique !
Saints Anges ! Voici mes mains, mes pieds, ma tête, mon cœur.
Voici toutes mes forces pour travailler, avec vous, à rendre au Christ ses membres épars, ses membres perdus.
En échange, donnez-moi votre souffle, donnez-moi votre ardeur, donnez-moi votre limpidité, donnez-moi votre légèreté, votre rapidité !
Mystiques aviateurs des grands combats de Dieu, puisque vous voyez de loin et, de haut, signalez-moi les beaux coups à faire !
Des quatre coins du Ciel, mobilisez-vous avec nous !
Pour rendre le monde à Dieu !
Anges des Tabernacles muets.
Anges de ma ville, de mon village, de mon quartier, de ma rue, de ma maison.
Anges de l'usine bourdonnante.
Anges des moissons coupées et des grands labours.
Anges des galeries de la mine.
Anges des banques, des grands magasins, et des bureaux surchauffés.
Anges des goélettes, des croiseurs et des sous-marins et des paquebots.
Et vous, les grands Archanges de la route et du rail, de la TSF et des PTT.
Et vous, les Puissances, et les Principautés, et les Dominations, qui planez sur les capitales, sur les préfectures, sur les Républiques, et sur les Dictatures.
Priez ! Chantez ! Adorez !
Et sachez bien
Qu'en quelque coin, dans une chambre, dans un bureau, dans une ferme, au fond de la mine, sur un pont, à la coupée, dans un salon, en pleine Sodome, même !
Un juste... deux justes... trois justes... dix justes... aidés par vous, avec vous, veulent se dévouer corps et âme à l'achèvement du Corps du Christ et de la beauté du monde.

François Desplanques, sj, in Le Christ sur tous nos chemins