lundi 18 juillet 2016

En offrant... Abbaye de Solesmes, La messe


NOTRE SAUVEUR À LA DERNIÈRE CÈNE,
LA NUIT OÙ IL ÉTAIT LIVRÉ,
INSTITUA LE SACRIFICE EUCHARISTIQUE
DE SON CORPS DE SON SANG,
POUR PERPÉTUER LE SACRIFICE DE LA CROIX,
AU LONG DES SIÈCLES,
JUSQU’À CE QU'IL VIENNE ;
ET  EN OUTRE POUR CONFIER À L’ÉGLISE,
SON ÉPOUSE BIEN-AIMÉE,
LE MÉMORIAL DE SA MORT & DE SA RÉSURRECTION :
SACREMENT DE L'AMOUR,
SIGNE DE L'UNITÉ,
LIEN DE LA CHARITÉ,
BANQUET PASCAL DANS LEQUEL LE CHRIST EST MANGÉ,
L'ÂME EST COMBLÉE DE GRÂCE
ET LE GAGE DE LA GLOIRE FUTURE NOUS EST DONNÉ.
CONCILE VATICAN II
LA SAINTE LITURGIE, 47

L’Eucharistie est par excellence le sacrement de l'amourIl est le don suprême que Jésus fait à son Église et il nous introduit au cœur de la vie de Dieu.
Parce que « Dieu est amour » (1 Jn 4, 16), toutes ses œuvres portent cette empreinte, mais particulièrement l'homme, créé son image et à sa ressemblance » (Gen 1, 26) intelligent et libre. Dieu a inscrit en lui la loi de l'amour comme vocation particulière. « Tu aimeras » (Deut 6, 5), c'est à dire tu répondras par l'amour à l'amour premier de Dieu et aussi tu aimeras, tu montreras aux autres, par tout ton comportement, le visage de l'amour.
En restant fidèle à cette vocation, l'homme découvre le sens de sa vie, il marche vers un destin de bonheur et de gloire. Mais il ne peut le faire sans hésitation ni dangers, car la volonté libre est sans cesse affrontée à des choix : l'homme, maître de son destin, est soumis à la tentation.
Il a donc la possibilité de mal user de sa liberté. Il peut quitter la voie de l'amour et du don de soi pour suivre la convoitise de son égoïsme dans ce cas, il méprise orgueilleusement la loi de Dieu inscrite en son cœur. C'est le péché, qui détache l'homme de Dieu et provoque des ruptures en chaîne : difficultés et blessures, antagonismes, violences et haines, souffrance et mort.
Chacun, depuis Adam, fait plus ou moins l'expérience du péché et peut en constater autour de lui les effets pervers. Chacun aussi entend la voix de sa conscience, qui porte sur ses actes un jugement de valeur morale.
Les sacrifices
Les hommes ont toujours cherché à compenser leurs fautes en offrant à Dieu des sacrifices d'expiation. Qu'on se souvienne du Temple de Jérusalem où les Juifs immolaient chaque jour tant d'animaux Ce n'est pourtant ni le nombre, ni la valeur matérielle des sacrifices qui comptent aux yeux du Créateur c'est l'esprit de celui qui les offre. Dieu regarde la conversion du pécheur, son humilité et son repentir, le fait qu'il revient vers lui en esprit d'obéissance filiale. Or, sur ce plan spirituel, il est manifeste qu'il y a toujours un manque. S'étant volontairement détournée de Dieu, la créature ne peut plus lui offrir un amour d'une qualité suffisante, car elle reste engluée dans la convoitise des biens terrestres. ni une compensation vraiment adéquate, l'offense à l'amour de Dieu étant infinie. L’écart est devenu trop grand pour que l'homme puisse le corriger par lui-même. C'est le sentiment universel de cette déficience qu’exprime dans l'Ancien Testament la multiplicité des sacrifices.
'unique sacrifice de Jésus
Dieu, dont la miséricorde est infinie comme son amour, vient au secours de l'humanité blessée. Au jour de l’Annonciation, il propose à Marie d’être la mère du Sauveur. L'enfant qui naît d'elle est vraiment le Fils de Dieu, mais tout aussi réellement il est le frère des hommes. Absolument pur de tout péché, Jésus peut offrir à Dieu cet amour filial parfait qui manque chez l'homme pécheur et qui donne au sacrifice toute sa valeur. Jésus est devant son Père comme un agneau immolé pour les péchés du monde entier. Il assume volontairement la souffrance et la mort. Il les accepte même, lui l'Innocent, dans leurs formes les plus dures, faisant ainsi des conséquences du péché des instruments de rédemption.
Une humanité nouvelle
Sur la croix, Jésus, par son amour du Père et des hommes, a surmonté et vaincu le mal du péché. La mort ne pourra pas le garder, car il est La Vie (Jn 14, 6). « Premier né d'entre les morts » (Col 1, 18), il ouvre, par sa résurrection la nuit de Pâques, la voie de la vie éternelle. Dans le livre de l'Apocalypse, saint Jean le décrit dans le ciel, agneau vivant et victorieux. Il porte la marque des clous et du coup de lance, mais ces marques sont maintenant glorieuses et rayonnantes. Elles attirent dans leur lumière une humanité renouvelée, tous ceux qui adhèrent au Christ Jésus comme l'unique Sauveur. Mort et vie, souffrance et gloire se rejoignent donc dans la joie de Pâques : c'est un mystère unique, le Mystère Pascal dont l'eucharistie perpétue parmi nous la présence.
La Cène du Seigneur
«  Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais. Et le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde » (Jn 6,  51). Ces paroles étonnantes de Jésus ont trouvé leur réalisation pendant le repas Pascal qu'il prit avec ses disciples la veille du Jeudi Saint. Au moment d'entrer librement dans sa Passion, Jésusdans un geste d’amour, offre au Père tout ce qu'il va souffrir. « Prenant du pain, dit Luc (Luc 22, 19-20), il rendit grâces, le rompit et le leur donna en disant : 'Ceci est mon corps, donné pour vous : faites ceci en mémoire de moi'. Il fit de même pour la coupe après le repas, disant : 'Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, versé pour vous' ». Par ce geste et par ces paroles, Jésus offre sa vie, son corps et son sang sous des signes séparés, pour de nouveaux rapports d'amour, pour une nouvelle alliance entre Dieu et les hommes, En même temps, il se donne à ses disciples en nourriture spirituelle sous les apparences du pain et du vin. Tout le mystère pascal est ici présent : le sacrifice offert au Père pour les péchés du monde, et la Vie nouvelle dans l'amour, gage d'immortalité que donne Jésus, le pain vivant.
L'Église et la messe
« Faites ceci en mémoire de moi » : l’Église, appelée et purifiée par son Sauveur, reçoit la mission de refaire le geste, de redire les paroles qui assurent la présence de l'Agneau de Dieu parmi les siens, dans le mystère de l'unique sacrifice de Jésus, celui de la Croix. Mais en même temps l'Église, épouse attentive, y joint chaque jour son propre sacrifice, invitant chaque fidèle à faire aussi avec Jésus l'offrande de sa propre vie. C'est pourquoi elle convoque à la messe tout le peuple des baptisés pour célébrer dans la joie le triomphe de Jésus sur le péché et sur la mort. Nous atteignons là le cœur et le but de toute la liturgie : sous l'impulsion de l'Esprit d'amour, tout rassembler dans le Christ pour élever vers le Père l'hommage éternel de l'adoration et de l’action de grâces.
Dieu habitait au milieu du peuple hébreu pendant la traversée du désert : une nuée couvrait la tente où Il conversait avec Moïse. Sur les rudes chemins de son pèlerinage terrestre, l'Église, et chacun de nous, a la présence vivante de Jésus-Hostie, centre de la vie de prière, lien visible de l'unité ecclésiale et source de toute fécondité missionnaire.

In La messe, Abbaye de Solesmes