jeudi 11 juin 2015

En dénonçant... Jacques de Bivort, Le mouvement des Sans-Dieu, et son action à travers le monde


1. Communisme et religion
« La lutte contre la religion
c'est la lutte pour le socialisme ».
(Devise de l'Union des Sans-Dieu Militants)
L'athéisme moscoutaire est une émanation du communisme soviétique. Avant de parler de l'Union des Sans-Dieu Militants, de sa genèse, de son développement et de sa propagation mondiale, il n'est donc pas inutile de dire quelques mots de la doctrine d'où est née l'antireligion contemporaine.
Si nous admettons que le monde en soit arrivé à l'époque de l'impérialisme ou du capitalisme dépérissant, avec Staline nous pouvons définir le communisme soviétique 1 : « Le marxisme de l'époque de l'impérialisme et de la révolution prolétarienne ». Le communisme soviétique est en effet un marxisme. La terminologie peut changer, — on l'appellera parfois le bolchevisme ou le léninisme, — la doctrine n'en restera pas moins une forme extrême de socialisme adapté aux temps présents : ses adeptes se réclament de Karl Marx et prétendent même en être les seuls disciples authentiques.
Par son essence même, par sa fin et par les moyens qu'il prend pour réaliser cette fin, le communisme soviétique — comme toutes les formes de socialisme marxiste 2 est incompatible avec le catholicisme.
Le communisme étant un marxisme, sa doctrine, comme on l'a vu dans le chapitre précédent, est essentiellement matérialiste. Elle nie l'esprit sous toutes ses formes : elle n'admet donc ni l'existence de Dieu, ni celle de l'âme. Le catholicisme, au contraire, est essentiellement spiritualiste.
La fin du communisme est de réaliser l'égalité la plus parfaite entre les hommes 3 et pour cela de supprimer la propriété privée, considérée comme la cause principale des inégalités sociales, lesquelles — par suite d'une fausse conception de la justice — sont regardées comme des injustices : les biens d'un chacun deviendraient communs à tous et leur administration reviendrait aux municipalités ou à l'Etat. Or, le catholicisme considère cette fin comme « souverainement injuste, en ce qu'elle viole les droits légitimes des propriétaires, qu'elle dénature les fonctions de l'Etat et tend à bouleverser de fond en comble l'édifice social ». (Encycl. Rerum Novarum)
Par les moyens qu'il prend pour réaliser sa fin, le léninisme — c'est ainsi que nous appellerons désormais le communisme soviétique contemporain — est plus incompatible encore avec le catholicisme et même avec toute forme de christianisme et de religion.
Puisque le léninisme n'admet l'existence ni de Dieu ni de l'âme, par le fait même il est irréligieux ; son paradis est ici-bas, tout au-delà est nié. Bien plus, pour réaliser la chimérique égalité entre les hommes, laquelle est censée donner la béatitude sur terre, le léninisme emploie comme moyen la destruction violente de la religion. Il la considère, en pays de conquête, comme un soporifique dont le capitalisme se sert pour endormir le peuple ; et, en pays conquis, comme un obstacle à la construction socialiste.
Sur cette nécessité de liquider la religion pour réaliser le plan, la pensée de Lénine est très nette. Avant même d'arriver au pouvoir, il avait prêché cette doctrine à maintes reprises : « Nous devons combattre la religion — s'écriait-il en 1909 4 » — c'est l'A. B. C. de tout matérialisme et, partant, du marxisme. Mais le marxisme n'est pas un matérialisme qui s'en tient à l'A. B. C., il va plus loin, il dit : « Il faut savoir lutter contre la religion ».
Et encore : « La religion est l'opium du peuple » cette sentence de Marx constitue la pierre angulaire de toute conception marxiste en matière de religion. Religions, Églises modernes, organisations religieuses de toutes sortes, le marxisme les considère toujours comme des organes de réaction bourgeoise »5.
Loin de s'estomper avec le temps, cette doctrine fait aujourd'hui partie du programme officiel de la IIIe Internationale, en vertu duquel tout communiste est tenu à « lutter contre la religion inflexiblement et systématiquement ». Et, dans le Bezbojnik d'août 1935, Yaroslavsky faisait connaître les tâches des années à venir : « Pas de repos, écrivait-il, pas de trêve sur le front antireligieux ! Il faut donner une activité nouvelle à ce front, réorganiser la propagande, améliorer les cadres ! Mettre en action, non seulement la critique des attaches sociales de la religion, mais aussi la critique scientifique, montrer le gouffre qui sépare la science de la religion, aider les masses à franchir ce gouffre ».
Comment s'étonner dès lors que le magistère ecclésiastique ait renouvelé à maintes reprises la condamnation du socialisme, et par le fait même du communisme et du léninisme ?
À partir de l'encyclique Qui Pluribus (9 novembre 1846), ces condamnations se succèdent à quelques années d'intervalle, insistant davantage tantôt sur un aspect de la doctrine, tantôt sur un autre. Parmi ces documents, un des plus célèbres reste l'encyclique Rerum Novarum (16 mai 1891), en laquelle Léon XIII, après avoir réfuté le socialisme, expose la doctrine sociale du catholicisme, vrai remède aux misères de la société contemporaine.
Malgré ces multiples condamnations, certains ont voulu trouver des accords possibles entre le marxisme et le christianisme. N'a-t-on pas vu paraître dernièrement une revue mensuelle intitulée Terre Nouvelle, organe des chrétiens révolutionnaires ? En plus de ce titre étrange, ce périodique ne porte-t-il pas sur sa couverture une croix unie à la faucille et au marteau, symbole de l'idéologie pour le moins utopique que ses rédacteurs s'efforcent de propager ?
Devant des tentatives de ce genre, ce n'est pas sans raison qu'à maintes reprises le magistère ordinaire de l'Eglise a cru devoir, en divers pays, se faire l'écho de la voix des pontifes romains pour préciser l'incompatibilité entre le christianisme d'une part et le socialisme ou communisme de l'autre. Citons seulement un passage de la Déclaration du 25 mars 1925 en laquelle les cardinaux et archevêques de France ont rappelé très nettement l'enseignement du catholicisme sur ce point : « La religion laisse à chacun la liberté d'être républicain, royaliste, impérialiste, parce que ces diverses formes de gouvernement sont conciliables avec elle ; elle ne lui laisse pas la liberté d'être socialiste, communiste ou anarchiste, parce que ces trois sectes sont condamnées par la raison et par l'Église ».
La position du catholicisme est donc catégorique : pas d'accord doctrinal possible, dans l'ordre de la vérité 6, entre le catholicisme d'une part, et le socialisme ou communisme de l'autre ; ou, en d'autres termes — selon les paroles de Pie XI dans l'encyclique Quadragesimo Anno — « socialisme religieux, socialisme chrétien, sont des contradictions : personne ne peut être en même temps bon catholique et vrai socialiste ».
La position des grands théoriciens du communisme soviétique est également catégorique : « Religion et communisme sont incompatibles aussi bien en théorie qu'en pratique », lisons-nous dans l'A.B.C. du communisme, qui peut être considéré comme le catéchisme des écoles soviétiques.
2. L'antireligion au pouvoir. Genèse et premiers développements des Sans-Dieu
Par le fait de tels principes, l'arrivée au pouvoir du parti communiste, c'était l'arrivée au pouvoir de l'antireligion. Or, précisément, en octobre 1917, la première étape de la voie tracée par les théoriciens du marxisme contemporain se réalise : le parti communiste s'empare du pouvoir dans l'ancienne Russie des tsars, il y installe par la violence un gouvernement soviétique, destiné à être maintenu par la dictature du prolétariat.
Dès qu'ils sont maîtres de la situation, à la fin de 1917, Lénine et ses disciples s'efforcent de déblayer de tout vestige de l'ancienne société capitaliste le terrain qu'ils viennent de conquérir par la force : ils commencent à livrer un combat acharné contre l'Église et la religion, considérées par eux comme une partie intégrante de cette société.
Toutefois, pendant les premières années qui suivent l'hiver 1917-1918, la lutte antireligieuse n'est pas organisée. C'est à peine si, en 1919, il y a quelques hommes spécialement chargés de la direction de cette œuvre maudite : Yaroslavsky, Stepanow-Skworzow, et Krassikow. Sauf quelques campagnes antireligieuses, auxquelles les komsomoltzi (Jeunesses communistes) sont spécialement initiés, jusqu'en 1921 la lutte contre la religion garde un caractère individuel. Mais, dès cette époque, des cellules athées commencent à noyauter les villes et les campagnes. En 1923, le XIIe Congrès du parti communiste décide une action antireligieuse systématique pour éviter que « les préjugés religieux ébranlés et compromis gardent encore du terrain ». Dès lors, deux journaux, le Bezbojnik (le Sans-Dieu) et le Bezbojnik ou Stanka (le Sans-Dieu au Chantier), sont lancés dans le public : l'un et l'autre sont des organes authentiques de l'antireligion. Ils stimulent le prosélytisme des athées moscoutaires, qui, en 1925, fondent l'Union des Sans-Dieu. Le but de cette association, présidée par Yaroslavsky, est de faire pénétrer l'athéisme marxiste dans toutes les populations des Républiques soviétiques. Trois catégories de personnes sont particulièrement travaillées par les cellules athées : les ouvriers, les paysans et la jeunesse. De 1925 à 1929, le nombre de ces cellules progresse sans cesse 7 : en 1926, l’U.S.D. comptait 2 421 cellules et 87 033 membres ; en 1927, 3 121 cellules et 138 402 membres, et 1928, 3 980 cellules et 123 007 membres.
3. L'Union des sans-Dieu militants (U.S.D.M.)
Cependant, au gré des athées moscovites, cette progression constante, bien que ralentie en 1928, n'est pas suffisante : l'action antireligieuse n'est pas menée assez vigoureusement.
À son IIe Congrès, tenu à Moscou en juin 1929, l’U.S.D. décide d'augmenter rapidement ses effectifs et de prendre un caractère nettement agressif. Pour marquer cette attitude nouvelle, elle s'appellera désormais l'Union des Sans-Dieu Militants (U.S.D.M.). Selon les propres expressions de ses statuts (§ 1), elle cherchera à « unir les masses ouvrières de l’U.R.S.S. en vue d'une lutte active systématique et continuelle contre toutes les religions qui sont un obstacle à la construction socialiste et à la culture révolutionnaire ».
Sa structure : Un règlement du 26 février 1934 nous décrit minutieusement la structure actuelle de l'Union des Sans-Dieu Militants dans les Républiques soviétiques 8. La cellule constitue l'organisation de base de l'Union. Elle noyautera les entreprises, les usines, les fabriques, les fermes collectivistes kolkhoz aussi bien que les différentes unités de l'armée rouge. Si elle comprend moins de quinze membres, la cellule sera dirigée par un organisateur ; si elle est plus importante, par un bureau de trois à cinq adhérents. Une entreprise possède-t-elle plusieurs corps de métier, un organisateur sera désigné pour chacun d'eux. On tiendra sur un registre spécial la liste des militants de l'U.S.D. En plus de leur carte de membre de l'Union, ceux-ci devront recevoir une carte de militant, laquelle sera délivrée ou prolongée par les Conseils régionaux ou urbains. Les Conseils provinciaux seront maintenus. Les travailleurs du Conseil régional de l’U.S.D. seront chargés, en outre du travail au sein des minorités nationales, de l'organisation des campagnes d'ensemble, du travail antireligieux parmi les enfants, du travail scientifique et des informations de l'Union. Enfin, à la tête de cette vaste organisation athée, le bureau exécutif est supprimé. Il est remplacé par des conférences périodiques des Conseils Locaux. Celles-ci traiteront des différentes questions qui ont trait à l'activité de l'Union. Le plenum et le praesidium du Conseil central seront maintenus et dirigés par le président, ou à son défaut par son adjoint ou le secrétaire responsable.
Ses méthodes
Toute la population des Républiques soviétiques est donc bien soumise à l'influence des Sans-Dieu Militants. Si le christianisme est le principal point de mire de l'artillerie des Sans-Dieu, leurs batteries n'épargnent cependant aucune religion. Il y a déjà quelques années, Stepanoff le déclarait très explicitement : « Nous devons agir de manière que chaque coup porté à la structure traditionnelle de l'Église, chaque coup porté au clergé, attaque la religion en général... Les plus aveugles voient à quel point devient indispensable la lutte décisive contre le pope, qu'il s'appelle pasteur, abbé, rabbin, patriarche, mullah ou pape ; cette lutte doit se développer non moins inéluctablement contre Dieu, qu'il s'appelle Jéhovah, Jésus, Bouddha ou Allah »9. Et, au mois de juillet 1934, avec un cynisme analogue, le camarade Olechtchouk avouait cette haine des communistes authentiques pour toute forme de croyance en Dieu. « Il est impossible, écrivait-il dans un article intitulé Réponse à un croyant 10, de tracer une sorte de ligne de démarcation entre les véritables chrétiens et les chrétiens entre guillemets. En fin de compte, tous les croyants se ressemblent. Toute religion, comme l'a proclamé Marx, est un opium pour le peuple. Toute religion est un instrument d'exploitation, un moyen d'endormir les travailleurs. C'est pourquoi nous sommes contre toutes les religions ».
La propagande des athées moscoutaires est soigneusement préparée. Loin d'être appliquée sans discernement aux diverses catégories de la population, elle bénéficie de toute la souplesse du léninisme, qui s'adapte aux situations concrètes pour les exploiter plus avantageusement. Voici à ce sujet la pensée de Golovkine, un des grands pontifes en ces questions 11 : « Le prosélytisme antireligieux doit tenir compte de la diversité des états de conscience. À ce point de vue, il y a en somme deux grandes catégories d'hommes : les croyants et les incroyants. Chez les premiers, le travail consistera à saper les fondements de la foi ; les seconds devront seulement être encouragés à rester fermes dans leur incrédulité et à devenir des athées militants.
« Les Sans-Dieu ne sépareront pas la lutte contre la religion de la lutte de classes ; ils se garderont de blesser les croyants dans leurs sentiments religieux lorsque cette tactique risque de nuire à leur but ultime ; ils feront une critique large et complète des origines de la religion, de ses développements, de son enseignement, des rapports de l'homme avec la société.
« Le travail parmi les femmes ne sera pas négligé, car — nous citons Golovkine — lorsqu'elles sont arriérées, c'est parmi elles que se trouve le refuge le plus assuré de la religion ».
Et pour faire pénétrer l'antireligion parmi les enfants, voici les directives données aux Sans-Dieu 12 : « Ce travail réclame de nous une attention particulière. Nous devons amener l'enfant à une conception athée du monde, lui donner une juste notion de la nature et de l'homme. Nous devons lui montrer le rôle de la religion dans la lutte de classes (évidemment sous une forme appropriée à son entendement), réveiller en lui la volonté de lutte contre les préjugés religieux de sa famille et de son entourage ».
Enfin Moscou considère la propagande antireligieuse comme une partie intégrante du travail politico-instructif ; elle se servira donc de tous les moyens employés par l'action politico-sociale pour agir sur les consciences : « L'école, écrit Loukatchevsky, réalise l'éducation antireligieuse ; la presse, le cinéma, la radio, la littérature, l'art soviétiques luttent aussi contre la religion »13.
L'école athée 
De toutes ces armes, une des plus puissantes pour détruire l'idéologie religieuse dans les générations qui montent, est incontestablement l'enseignement athée. Le commissariat de l'Instruction publique met en œuvre les inventions les plus perverses pour déraciner de l'âme russe les moindres germes d'atavisme chrétien. Les prosélytes de l'athéisme militant semblent en voir sans cesse renaître dans les replis cachés de la conscience, même parmi ces jeunes si ignorants cependant des civilisations d'hier. Des maîtres d'école antireligieux sont donc formés avec soin. Les chrétiens qui sont restés à leur poste, à condition de cacher leurs sentiments, sont l'objet d'un espionnage continuel de la part du Guépéou aussi bien que de la part de leurs élèves. Dans les Izvestia du 26 mars 1929, Lounatcharsky écrivait déjà : « Les instituteurs croyants sont une contradiction absurde : les sections de l'Instruction publique doivent profiter de chaque occasion pour les remplacer par des professeurs antireligieux ». Quelques mois plus tard, en juin de la même année, au deuxième congrès des Sans-Dieu, ce même Lounatcharsky, alors Commissaire du peuple à l'Instruction publique, dogmatisait : « Chez nous l'Instruction ne peut pas ne pas être communiste ; donc elle ne peut pas ne pas être antireligieuse ».
Et, à la deuxième conférence des Instituts scientifiques antireligieux, laquelle s'est tenue à Moscou du 13 au 15 juin 1934, le principe était affirmé : « L'éducation communiste de l'enfant comprend obligatoirement l'éducation antireligieuse »14. Bien plus, le Bezbojnik du 17 juin 1934 précise que « les institutions scolaires soviétiques doivent préparer des Sans-Dieu Militants ». Voici, d'après l'Antireliguioznik 15, comment une institutrice bolcheviste expose sa tactique : « Je me suis donné pour but d'éduquer les antireligieux de telle sorte qu'ils puissent devenir des assaillants conscients et bien préparés pour lutter contre la religion à l'école, à la maison et dans la rue. Le travail commence chez les enfants de neuf ans. On leur raconte des histoires choisies dans ce but. Les causeries consistent à mettre ceux-ci en présence d'un problème pratique de lutte contre la religion. Après une causerie (de ce genre), j'ai demandé aux enfants s'ils désiraient lutter contre la religion... Immédiatement ils proposèrent de raconter dans d'autres groupes ce qu'ils venaient d'entendre, de lutter à la maison pour la suppression des croix, de persuader d'autres enfants d'agir de même, de faire des écriteaux antireligieux et de les placer en divers endroits de l'école et dans la rue... » Et l'institutrice de conclure : « La tâche des instituteurs consiste à relever les fautes et à orienter la lutte antireligieuse des enfants sur une voie juste... Il faut qu'ils se sentent membres de la grande armée des Sans-Dieu ».
Donner à l'enfant cette expérience d'une solidarité étroite avec la « grande armée des Sans-Dieu » n'est pas considéré comme un point de peu d'importance dans l'éducation antireligieuse soviétique. On le met donc en relation avec d'autres enfants ou adolescents appartenant à des groupements d'athées militants avérés, tels que les Pionniers rouges et les Jeunesses communistes. Ce contact renforce et continue la « déformation » commencée à l'école. Si nous en croyons un témoignage du vice-président de l'Union des Sans-Dieu 16, peu suspect de léser la vérité sur ce point, « l'organisation des Pionniers rouges exécute avec honneur le testament de Lénine concernant l'éducation communiste systématique dont un des éléments essentiels est la lutte pour une philosophie Sans-Dieu ».
Propagande par la presse 
Avec l'école, la presse est également asservie à la propagande soviétique athée : elle blasphème haineusement contre Dieu, et, dans l'humaine conscience, miroir de la loi divine, elle vomit le venin du matérialiste bolcheviste.
Les Éditions de l'Etat font paraître des publications antireligieuses de valeurs très diverses. Des bibliographies de ces ouvrages sont périodiquement insérées dans le Bezbojnik et l'Antireliguioznik.
Livres, brochures, tracts, journaux de toutes sortes, unissent leurs efforts pour déraciner la religion et faire triompher l'idéologie prolétarienne. Parmi les ouvrages publiés en Russie et destinés à cette œuvre de destruction, en voici quelques-uns 17 particulièrement recommandés par les organes bolchevistes :
Le Marxisme léniniste, athéisme militant (1933-1934).
— Manuel antireligieux pour les ouvriers.
— La philosophie des Sans-Dieu.
Le sentiment religieux et la criminalité.
— Éducation antireligieuse à l'école.
— Programme de l'Université ouvrière antireligieuse.
— Cours antireligieux par correspondance.
— Comment lutter contre la religion.
— La campagne contre Dieu.
La législation soviétique destinée à procurer aux Sans-Dieu des moyens légaux pour lutter contre les croyants.
— Quinze ans d'athéisme militant en U.R.S.S. (1932).
— L'éducation antireligieuse à l'école primaire (1934).
Le XVIIe Congrès du Parti Communiste et les problèmes du travail antireligieux (1934).
Organisation et méthodes du travail antireligieux (1934).
Des centaines de livres antireligieux de ce genre sont sortis ces dernières années des Éditions d'Etat. Ajoutons à cette liste les titres de quelques périodiques moscoutaires, organes authentiques de l'athéisme militant, tels que le Bezbojnik 18, l'Antireliguioznik, le Bezbojnik (illustré), Neuland, etc. et nous aurons une idée de l'activité nouvelle de la presse soviétique dans ce domaine.
Expositions et conférences avec projections 
Parmi les moyens propres au gouvernement de Staline, et qui ont pour but de faire pénétrer l'irréligion dans la masse, il faut citer les expositions. Dans le courant de l'année 1929, un musée central antireligieux était inauguré à Moscou. « Conçu et divisé selon la conception matérialiste de l'évolution, il donne en quelques heures, nous dit un témoin 19, une éducation antireligieuse complète ». D'après le Bezbojnik du 10 juin 1934, il aurait reçu la visite de centaines de milliers de travailleurs. Il constitue un centre actif de propagande. Il envoie des expositions antireligieuses dans les parcs de repos, dans les usines, dans les entreprises et les kolkhoz. C'est ce seul musée central qui, de décembre 1932 à novembre 1933, aurait organisé et fait parvenir dans les provinces de l'U.R.S.S. six cent soixante-dix-neuf petites expositions ambulantes, destinées, elles aussi, à propager l'athéisme marxiste-léniniste. Sa bibliothèque comprend plus de trente mille volumes à la disposition de tous ceux qui travaillent contre la religion. Après avoir donné ces renseignements, l'article du journal bolcheviste engage les soviets, aussi bien que les conseils et les cellules de Sans-Dieu militants, à augmenter encore le nombre des visites collectives au musée. Il rappelle que nombreux sont les croyants que cette visite a déterminés à faire le premier pas sur la voie de l'athéisme.
Pour que les communistes de culture moyenne puissent prendre eux-mêmes, à peu de frais, une part active à la propagande infernale, ils peuvent se procurer pour quelques roubles des conférences rédigées par le Conseil central de l'Union des Sans-Dieu et accompagnées d'une série de dispositifs pour projections lumineuses. Voici quelques-uns des titres annoncés dans l'Antireliguioznik, n°3 de 1934 :
Le Pape de Rome au service du capital (cinq roubles).
La Religion au service de la bourgeoisie internationale (dix roubles).
La Femme libérée de l'oppression religieuse (six roubles).
La Guerre impérialiste et la religion (dix roubles).
Ces conférences avec projections contribuent à seconder l'action puissante des théâtres, de la radio et surtout des cinémas qui apportent chacun leur part à cette lutte implacable contre toute forme de déisme 20.
La science à la rescousse : Pour arriver plus sûrement à leur but, les dirigeants de l'U.S.D.M. essaient de donner à leur offensive athée un caractère scientifique. Se souvenant de l'inepte paradoxe de Staline : « Je suis contre la religion parce que je suis pour la science », ils s'efforcent de prouver l'incompatibilité entre l'une et l'autre. Ils oublient ou ignorent que, préalablement à l'acte de foi, la raison doit comprendre que celui-ci est raisonnable, que si l'acte de foi suppose la grâce, il n'en est pas moins une adhésion de l'intelligence à la vérité divine.
En 1934, ils ont lancé un emprunt scientifique antireligieux. Il est un stimulant à l'action pour leurs hommes de science. Ces scientistes qui souscrivent à l'emprunt sont dispensés de verser l'argent comme le commun des mortels. Ils sont seulement tenus à s'engager par écrit à donner des conférences et à publier des articles antireligieux scientifiques. La fidélité à l'engagement remplace le versement pécuniaire. Il faut donc s'attendre à de nouvelles découvertes de ces pseudo-savants dont certains sont déjà arrivés à conclure que « le Christ de l'Evangile n'a jamais existé » !
Du 13 au 15 juin 1934, le Congrès des Instituts scientifiques, destinés à la propagande de l'athéisme, réunissait à Moscou des délégués de vingt-huit institutions antireligieuses : sections antireligieuses de l'Institut de philosophie de l'Académie communiste, de l'Institut d'hygiène sociale, de l'Institut de pédagogie, etc... Parmi les questions étudiées, les congressistes ont cherché à connaître les arguments apologétiques du croyant et, — nous citons le Bezbojnik 21, — les raisons qui l'empêchent de « se débarrasser des préjugés religieux », les moyens de « dévoiler le rôle contre-révolutionnaire de toutes les Églises au service de l'impérialisme et particulièrement le rôle contre-révolutionnaire de la religion et de l'Église au pays des Soviets ». Dans leur offensive scientifique antireligieuse, les leaders communistes cherchent en effet à établir, dans la mentalité prolétarienne, un lien nécessaire entre la religion, le capitalisme, l'impérialisme et le fascisme. Tout membre de la IIIe Internationale doit en arriver à éprouver une répugnance instinctive et simultanée pour ces réalités qu'il considère déjà comme des idoles détestables de l'ancienne société capitaliste.
La famine, moyen de propagande 
En même temps que sur le terrain intellectuel, l'offensive des Sans-Dieu se développe sur le terrain juridique. Le Commissariat de l’Instruction publique n'est pas le seul à soutenir par ses ukases périodiques l'activité antireligieuse communiste. Les autres ministères contribuent également à cette persécution systématique des croyant. C'est ainsi que, le 8 avril 1929, le Commissariat de l’Intérieur promulgue un décret qui défend à toute association religieuse :
« 1/ D'organiser des caisses de secours mutuels, des coopératives, des unions de production... ;
« 2/ de distribuer des secours matériels à leurs membres ;
« 3/ d'organiser soit des réunions de prières pour les enfants, les adolescents et les femmes, soit des réunions, groupes, cercles ou sections générales bibliques, littéraires, d'ouvrage manuel, d'enseignement de la religi0n, etc. ;
« 4/ d'organiser des excursions, des terrains de jeu pour les enfants ;
« 5/ d'avoir des bibliothèques, des salles de lecture, des sanatoria et des dispensaires... »
En vertu de mesures prises par le Commissariat de l’Intérieur lesquelles étaient encore en vigueur à la fin de 1934, les ministres du culte étaient privés de leur carte d'alimentation. Eux et leurs enfants sont assimilés aux non-travailleurs et, par le fait même, privés également de leurs droits civiques. Ils n’obtiendront du travail qu’en abjurant publiquement leur foi. La suppression de la carte de pain, le 1er janvier 1935, ne change rien à la situation : les ministres du culte, n'ayant pas le droit au travail, ne peuvent gagner l'argent nécessaire pour vivre.
Quant aux enfants du clergé orthodoxe, ils sont tenus de renier publiquement leurs parents. Jusqu'au début de 1935, la liste des malheureux renégats était périodiquement publiée dans le Bezbojnik.
4. Développement de l'Union des Sans-Dieu militants (juin 1929 à décembre 1935)
Grâce à ces méthodes systématiquement appliquées, le 1er janvier 1930, l'U.S.D.M. comptait 35 000 cellules et 2 000 000 de membres.
Mais, à l'instar du catholicisme qu'elle parodie, l'antireligion prétend à l'universalité. Dans leur propagande nettement agressive, les athées moscoutaires n'ont pas seulement comme objectif la Russie soviétique : ils veulent conquérir le monde entier. Ils signeraient volontiers ce cri de guerre, qui sert d'introduction au premier numéro du Bezbojnik : « Nous avons détrôné les tsars de la terre, nous allons maintenant détrôner celui du ciel ».
En 1930, les Sans-Dieu, grisés par leurs succès à l'intérieur même de l'U.R.S.S., s'efforcent donc de compénétrer de plus en plus l'Internationale des Libres Penseurs Prolétariens et de prendre ainsi une influence mondiale.
L'affaire de Bodenbach (15 novembre 30) : Fondée à Téplitz en 1925, l'Internationale Proletarische Freidenker (I.P.F.), Internationale des Libres Penseurs Prolétariens (I.L.P.), avait son siège à Vienne jusqu'en 1930. Marxiste et, par le fait même, athée, elle se disait appelée à « lutter pour libérer les prolétaires de l'intoxication religieuse ». Cependant, le Professeur Hartwig, social-démocrate autrichien, condamnait toute violence : il voulait seulement qu'on fît « pénétrer dans les masses la nouvelle culture antireligieuse ». Telle était également l'opinion de plusieurs leaders des sections de l'I.L.P. d'Allemagne, de Tchécoslovaquie, de France, de Belgique et de Pologne. Aussi, l'I.L.P. d'alors n'admettait-elle ni les persécutions soviétiques, ni la dépendance absolue du Komintern.
Cependant, à son IVe Congrès, tenu à Bodenbach, le 15 novembre 1930, les éléments extrêmes de l'Internationale des Libres Penseurs Prolétariens de Vienne, sous l'influence des Sans-Dieu moscoutaires, se séparent des éléments modérés. Laissant ceux-ci fusionner avec l'Internationale des Libres Penseurs radicaux-socialistes de Bruxelles et former avec eux l'Union Internationale des Libres Penseurs, ils se transforment en une organisation purement bolcheviste, traitent les transfuges de « laquais de la prêtraille » et font eux-mêmes profession d'athéisme militant. Leur nom de « libres penseurs » ne traduit donc plus leurs sentiments réels : « Nous sommes adversaires de la liberté de pensée, écrivent-ils, en février 1932 23, parce que, luttant contre la religion sur le terrain de classe, nous ne pouvons tolérer aucune des croyances qui, à l'époque historique du capitalisme, sont des armes politiques entre les mains de la bourgeoisie. La liberté de conscience correspond à la victoire révolutionnaire de l'idéologie bourgeoise. Répudions ce terme de libre penseur qui a fait son temps, revendiquons la gloire d'être athées ».
Par le fait même, l’I.L.P. (Internationale des Libres Penseurs Prolétariens) rejette toute alliance avec l'Union Internationale des Libres Penseurs dont elle ridiculise la tolérance et le manque d’activité. Elle la taxe volontiers de « bourgeoise réformiste » et se proclame avec fierté 24 « la seule organisation mondiale qui, sous la bannière de l'athéisme révolutionnaire, mène, avec l'arme du matérialisme dialectique, les masses travailleuses à la lutte contre l'Église et la contre-révolution ».
Après l'affaire de Bodenbach, les athées moscoutaires, déjà unis à ceux de l'I.L.P. depuis 1925, fusionnent de plus en plus avec eux. L'Union des Sans-Dieu militants ne fait plus désormais qu'une seule et même unité morale avec l'I. L. P. Aussi, l'antireligion soviétique allait-elle se développer très rapidement non seulement dans l'U.R.S.S., mais aussi dans tout l'univers.
L’U.S.D.M. et l’I.L.P. de novembre 1930 à janvier 1933 
En 1930, tandis que la collectivisation forcée était poussée à l'extrême, au XVe Congrès du parti communiste, le Commissariat du Travail et des Syndicats ouvriers recevait l'ordre « d'organiser et d'intensifier la propagande antireligieuse ». Il ne faut donc pas s'étonner que les années 1930 à 1933 restent tristement célèbres par l'intensité de la campagne contre la religion. Les prêtres et les fidèles sont emprisonnés en grand nombre, la plupart des églises fermées ou détruites, le pape tourné en ridicule. Les protestations pontificales ne font qu'accroître la haine des Sans-Dieu qui semble alors atteindre son paroxysme. Le tirage des journaux antireligieux augmente considérablement. À la fin de 1930, le Bezbojnik tirait à 400.000 exemplaires, alors qu'en 1928 il ne tirait qu'à 63.000 ; au lieu de n'avoir que quatre pages, il en a huit.
Le nombre des membres et des cellules de l'U.S.D.M. suit également une courbe ascendante :
Le 1er janvier 1931, elle compte 50 000 cellules et 3 millions 500 000 membres ;
le 1er mai 1931, 60 000 cellules et 5 000 000 de membres ;
le 1er mai 1932, 80 000 cellules et 7 000 000 de membres.
À ces chiffres 25, il faut ajouter les 1 500 000 enfants Sans-Dieu.
À propos du second plan quinquennal, Yaroslavsky écrivait à cette époque : « Ce plan, qui trace le programme de notre construction économique, est lié à un autre plan quinquennal concomitant destiné à déraciner la religion »26. Or, voici un résumé 27 des cinq parties de ce plan :
« La première année — lisons-nous dans ce décret — toutes les écoles religieuses devront être fermées et les premières mesures seront prises pour la fermeture des églises dans la capitale.
« La deuxième année, toutes les personnes qui ont une religion devront être chassées des entreprises et des bureaux de l'Etat. Toute littérature religieuse sera prohibée et on fabriquera cent cinquante films antireligieux, destinés à être représentés dans toute l'Union soviétique, surtout dans les écoles.
« La troisième année sera consacrée à augmenter l'activité des cellules Sans-Dieu et à chasser de l'Union soviétique tout ecclésiastique qui refuse de renier son état, quelle que soit la religion à laquelle il appartient.
« La quatrième année, toutes les églises, chapelles et synagogues devront être livrées au soviet local afin qu'on puisse les transformer en cinéma, club ou autre lieu destiné à passer son temps intelligemment.
« La dernière année devra être consacrée à consolider les avances sur le front de la lutte antireligieuse. Le 1er mai 1937, il ne devra rester sur le territoire de l'U.R.S.S. aucune maison destinée au culte et la notion même de Dieu devra être effacée de l'esprit populaire ».
Les enquêtes les plus variées sont faites en vue de donner une vie plus intense à l'irréligion. Tantôt c'est un Congrès de bibliothécaires de l'U.R.S.S., convoqués pour discuter les moyens de perfectionner l'action antireligieuse des bibliothèques et d'inspirer toute la littérature soviétique de ce même esprit athées. Tantôt l'enquête se fera sous la forme d'une circulaire destinée au grand public. L'une d'entre elles commence par expliquer que le Comité central du Conseil des Sans-Dieu Militants et les Éditions de l'Etat ont entrepris la publication de brochures et de livres à l'usage des croyants ; elle fait ensuite appel « à la masse des lecteurs », pour que ceux-ci participent à cette tâche considérée comme « difficile et pleine de responsabilités ». Chacun est donc prié de répondre aux questions suivantes, reproduites dans le Bezbojnik du 1er mai 1932 :
« 1/ Quels ont été les livres qui ont produit sur toi la plus forte impression en ce qui concerne la destruction de tes conceptions et de ta mentalité religieuses ? Fais ton possible pour te souvenir de leurs titres et indique‑les ;
« 2/ quel passage spécial dans ces livres a ébranlé ta foi ou t'a consolidé dans l'athéisme ?
« 3/ quels livres antireligieux ne t'ont pas convaincu lorsque tu étais croyant ? Il n'est pas obligatoire de signer la réponse, mais n'oublie pas de noter l'âge que tu avais lorsque tu es devenu antireligieux et ta situation sociale à ce moment. Il faut indiquer également le sexe et le degré d'instruction. La réponse doit être adressée aux éditions antireligieuses de l'Etat ».
Tandis que les Sans-Dieu soviétiques menaient vigoureusement leur campagne à l'intérieur de l'U.R.S.S., ceux de l'I.L.P. s'organisaient dans les autres pays.
Depuis la scission du 15 novembre 1930, l'I.L.P. avait transporté son siège à Berlin. Le 4 mai 1932, elle est dissoute en Allemagne par le gouvernement du Reich. Tout en gardant alors sa direction à Moscou, l'I.L.P. crée des filiales en Suisse, en France et en Espagne. Son organisation et son action se confondent de plus en plus avec celles des athées moscoutaires. C'est d'ailleurs la volonté expresse de Yaroslavsky : « Tout notre travail, écrit-il en 1932 29, doit être plus intimement lié que jamais avec celui de l'Internationale des Libres Penseurs Prolétariens ».
Si les cellules de l'I.L.P. se répandent dans le monde entier, elles n'en restent pas moins en dépendance étroite du Komintern. Le fait suivant est significatif. C'est un journal moscoutaire, l'Antireliguioznik de janvier 1932, qui publiera le premier une circulaire destinée à préparer le Congrès de l'Exécutif de l'I.L.P., qui s'est tenue à Paris au mois d'août suivant. Par ce document, nous pouvons savoir que, dès cette époque, l'I.L.P. avait pour programme 30 :
1/ D'augmenter le nombre de son personnel ;
2/ d’éditer un bulletin de presse en allemand, en français, en anglais et en russe ;
3/ d'assurer à toutes les sections le concours d'instructeurs qualifiés ;
4/ de commencer dès le 1er mars 1932 la publication d'une revue antireligieuse en langue allemande ;
5/ d'organiser la publication et la diffusion abondante d'une littérature de propagande à bon marché, en premier lieu à destination de la Grande-Bretagne et de l'Amérique, où le mouvement des Sans-Dieu doit s'implanter davantage ;
6/ d'organiser la représentation de films antireligieux ;
7/ d'établir pour chaque pays un plan d'action précis ;
8/ d'organiser un échange d'informations et de matériel de propagande entre les diverses fractions ;
9/ de faire naître entre ces dernières une émulation révolutionnaire.
Depuis 1930 déjà on entendait parler non seulement des Bezbojnik de l'U.R.S.S., mais aussi des Kampfende Gottlosen d'Allemagne et d'Autriche, des Militant Godless d'Angleterre et d'Amérique, des Sans-Dieu de France, de Suisse et de Belgique. Bref, sous une forme ou sous une autre, des groupements d'athées militants s'organisent dans presque tous les pays du Monde.
Dans le courant de 1932 — sauf en Allemagne où le sans-dieuisme devient illégal le 4 mai de cette même année — la propagande antireligieuse internationale s'accuse de plus en plus. L'I.L.P., qui en 1930 n'avait eue huit sections disséminées en divers pays dès la fin de 1932 en compte vingt-quatre, dont seize en Europe, quatre en Amérique, trois en Asie et une en Australie.
L’U.S.D.M. et l’I.L.P. de janvier 1933 au début de 1935 : crise et offensives nouvelles 
À partir de mai 1932, l’U.S.D.M. ne publie plus ses statistiques comme les années précédentes. De ce silence, on a justement conclu que depuis cette date le nombre des Sans-Dieu militants diminuait. Nous verrons dans la suite que cette conclusion correspond à la réalité.
Dans ce même mois de mai 1932, le tirage du Bezbojnik commence à baisser. Il avait atteint cinq cent mille exemplaires au début de l'année. En 1934, il ne paraît plus que trois fois par mois et sur quatre pages au lieu de huit comme en 1930 et 1931. La revue Antireliguioznik suit également une courbe descendante : en 1931, elle tire à trente et un mille exemplaires, et ses livraisons mensuelles sont de cent vingt-huit pages. En juillet 1932, elle n'a plus que soixante-quatre pages, et au début de 1933 elle ne tire plus qu'à vingt mille deux cent cinquante exemplaires. En 1934, elle ne paraît plus que tous les deux mois, et la dernière livraison de cette même année 31 n'est que de douze mille exemplaires.
Ces symptômes révèlent une crise de l'athéisme militant à l'intérieur même de l'U. R. S. S. Le Bezbojnik du 17 juin et celui du 10 août 1934 s'inquiètent. « Il est nécessaire — écrivent-ils — de vérifier si les universités antireligieuses répondent aux espoirs qu'on avait fondés sur elles. Peut-on les appeler universités ? Dans la plupart des cas, ce ne sont que de mauvais séminaires ».
À la fin de cette même année, si nous en croyons le Bezbojnik du 17 décembre 1934, « au cours de grandes fêtes organisées par les Sans-Dieu Militants à Leningrad pour préparer leur Xe anniversaire, tout le monde a pu se rendre compte que l'enthousiasme et l'intérêt au travail antireligieux ne sont plus les mêmes qu'il y a quelques années. Les cellules sont faibles et leur activité nulle. La discipline est tombée ».
Bref, il y a une sorte de lassitude chez les prosélytes de l'athéisme, la jeunesse elle-même fait preuve d'un certain dégoût dans la pratique de l'antireligion.
L'affaire est considérée comme grave : l'athéisme matérialiste étant à la base même du système gouvernemental soviétique, les dirigeants de l’U.R.S.S. ne mont pas sans éprouver certaines inquiétudes. Devant le fléchissement des Sans-Dieu militants, ils cherchent aussi tôt à porter remède. Une offensive nouvelle se dessine pour faire avancer malgré tout l'antireligion.
Aux yeux du gouvernement de Staline, la jeunesse soviétique de 1934 est coupable de ne pas montrer l'enthousiasme sacrilège dont elle a fait preuve les années précédentes. C'est donc elle que Yaroslavsky va essayer de regagner à la lutte antireligieuse. Son arme sera l'enseignement athée. Le Bezbojnik, du 17 novembre 1934, reproduit une lettre que le Commissariat de l'Instruction publique venait d'adresser à tous les directeurs des sections régionales rattachées à ce ministère. Celle-ci est destinée à renforcer l'action antireligieuse dans les écoles. La lettre renouvelle et précise en plusieurs paragraphes des directives déjà données trois ans auparavant :
« 1/ Les instituteurs des sections régionales, départementales et municipales de l'Instruction publique sont tenus, au cours de leurs tournées d'inspection, d'apporter un soin particulier à contrôler l'activité antireligieuse, qui se fait à l'école en liaison avec le travail scolaire ou en dehors des classes, et à seconder les maîtres d'une manière concrète et méthodique.
« 2/ Les revues pédagogiques régionales et départementales doivent faire connaître les expériences locales d'activité antireligieuse à l'école, et attirer l'attention sur celles d'entre elles qui ont donné le meilleur résultat.
« 3/ On insérera dans les manuels scolaires régionaux un minimum de matière antireligieuse, correspondant à la force du livre, et exposé de façon vivante, claire et convaincante.
« 4/ Toutes mesures seront prises pour que les écoles soient pourvues de manuels méthodiques d'instruction antireligieuse à l'usage des maîtres, — éditions de Moscou, — et de tout le matériel scolaire établi suivant les données du Commissariat de l'Instruction publique et du Conseil Central de l'Union des Sans-Dieu Militants.
« 5/ On fera connaître aux écoles la nécessité de venir en aide, avec ordre et méthode, aux cellules scolaires de l'Union des Sans-Dieu Militants ».
Les autres moyens de propager l'athéisme se multiplient également : expositions antireligieuses, cercles, séminaires, etc. Ce n'est plus seulement le musée athée de Moscou, mais aussi ceux de Léningrad et de Kieff, qui organisent des expositions ambulantes de l'antireligion.
Nous pouvons donc conclure avec le Prince Constantin Gortchacow 32, qu'à cette époque de sa vie « le mouvement des sans-Dieu militants en U. R. S. S. manque de force génératrice. La période de l'exaltation destructive et blasphématoire passée, la réaction est devenue passive, l'intérêt médiocre... Mais ce qui frappe davantage, c'est l'implacable énergie avec laquelle le gouvernement soviétique, malgré la passivité des masses, continue sa propagande et sa lutte contre la religion ».
* * *
En cette même année 1934, les Sans-Dieu intensifiaient leur propagande mondiale. Du 6 au 8 mai, une nouvelle session de l'Exécutif de l’I.L.P. se réunissait à Paris. Son but était nettement défini dans un organe du Komintern 33. Il fallait « forger de nouvelles armes pour la lutte contre l'Église et la barbarie culturelle fasciste. Les leaders prolétariens ont donc examiné le travail accompli depuis la conférence précédente et fixé les directives, de l'athéisme militant » pour l'avenir. En voici quelques-unes publiées dans La Correspondance Internationale, du 23 juin 1934 (p. 984) :
« Les sections de l’I.L.P. doivent pénétrer plus fortement que jusqu'ici dans les organisations de masse de l'Église et du fascisme. Dans les pays de la dictature fasciste, la réalisation de cette tâche est une question vitale pour les organisations de lutte athée...
« La session de l'Exécutif a attiré, dans un rapport spécial, l'attention des sections en Europe et en Amérique sur l'importance considérable du travail athée de masse dans les colonies. L'expérience des résultats obtenus par la section indienne de l’I.L.P. montre les grandes possibilités, mais aussi les faiblesses encore existantes dans le travail colonial...
« Actuellement paraissent dans les sections des pays capitalistes en dehors de l'Union soviétique, en tout cinquante-deux journaux en quatorze langues, dont dix illégaux. C'est là incontestablement un progrès sensible. Mais dans un petit nombre de pays seulement, en Allemagne, en France, en Bulgarie, dans l'Inde et en Tchécoslovaquie, la presse athée s'est développée jusqu'ici sur une large base...
« Le Comité exécutif a décidé la convocation du Ve Congrès mondial de l'Internationale des libres penseurs prolétariens pour le premier semestre de l'année 1935 et chargé toutes les sections de préparer soigneusement ce congrès à l'aide d'actions de masses, de l'organisation du front unique anticlérical et antifasciste et de faire ainsi du Ve Congrès mondial, une manifestation puissante de l'athéisme militant ».
Quelques mois après leur session de Paris, les Sans-Dieu gagnaient une grande victoire : le 18 septembre 1934, une représentation du gouvernement soviétique était définitivement admise à l'assemblée de la Société des Nations. Quelques jours auparavant, le Conseil lui avait attribué un siège permanent. Or, une victoire du gouvernement soviétique clans la politique internationale, c'est une victoire des Sans-Dieu sur ce même terrain, puisque l’U.S.D.M. est un organe officiel de ce gouvernement. Son Conseil central n'est-il pas une sorte de « Ministère de l'Irréligion » dirigé par un des plus hauts fonctionnaires de l’État 34. Enfin, par le fait de la réception de Moscou à Genève, les Sans-Dieu n'ont-ils pas acquis, au cœur même de l'Europe, un nouveau centre de propagande internationale sous l'égide du quai Wilson ?
Dans l’U.R.S.S. de 1935 : survivances religieuses et activité de l’U.S.D.M. 
À la veille de la Révolution, d'après les statistiques officielles, l'Église orthodoxe russe comptait 181 337 serviteurs du culte 35, dont 50 960 prêtres. Elle possédait 46 457 églises, 21 747 chapelles ; 497 monastères d'hommes, 419 couvents de femmes ; 4 académies d'enseignement religieux — Kieff, Moscou, Saint-Pétersbour, Kazan — ; 36 séminaires ; 40.000 écoles populaires, 150 écoles religieuses pour les enfants du clergé.
Que reste-il aujourd'hui de ces splendeurs passées ? « Il est impossible de donner des chiffres exacts — écrivait récemment le Dr Lodygensky 36 — mais, d'après certains renseignements, pas plus de quelques centaines de prêtres orthodoxes sont encore officiellement en fonction. La plupart des serviteurs du culte sont morts (beaucoup martyrisés) ou peuplent les camps de servage... D'autres accomplissent leur ministère clandestinement, en exerçant un métier accessoire ou vivent en qualité de prêtres nomades ».
Les édifices du culte ne sont guère beaucoup plus épargnés. Certes, tous ne sont pas encore détruits, mais la haine des Sans-Dieu continue son œuvre destructrice. Le Bezbojnik de mai 1935, dans un article intitulé : « Nous fermons les foyers d'opium », n'a-t-il pas publié une nouvelle liste d'un grand nombre d'églises récemment désaffectées ?
Les établissements d'enseignement religieux ont été moins ménagés encore : depuis longtemps, il n'existe plus ni écoles ni séminaires orthodoxes dans l'U.R.S.S. Quant aux ordinations, elles se font autant que possible en secret. Il en est de même du recrutement et de la préparation sacerdotale 37.
Moins importante que l'Eglise orthodoxe, l'Eglise catholique n'en était pas moins florissante dans la Russie de 1917. Elle comptait 38 treize millions de fidèles, huit évêques et huit cent dix prêtres. Elle possédait six cent quatorze églises, cinq cent quatre-vingt et une chapelles et sept séminaires.
Il est difficile de savoir le nombre de catholiques survivants dans l'U.R.S.S. de 1935. Seul, le nombre des prêtres nous est connu. Une communication du Comité Innitzer 39 nous affirme qu'ils ne sont plus que soixante-treize. Parmi eux, au début de mai, quatorze se trouvaient dans les bagnes des îles Solovki et treize autres venaient d'être arrêtés.
À Odessa, les abbés Lorentz Wolf et Jean Albert étaient condamnés à dix ans de travaux forcés. Et à Landau, près d'Odessa, en ce même début de mai 1935, Antoine Hopfmann, Jean Tauberger, Raphaël Lorau et Joseph Kruschinski, tous prêtres catholiques, étaient également condamnés à la même peine. Le 10 janvier 1936, le dernier prêtre catholique d'Odessa, Mgr Frison, évêque de Limyre, fut arrêté et jeté en prison.
Si quelques églises et chapelles sont encore ouvertes, il n'y a plus un séminaire catholique qui ne soit désaffecté.
Et comme la haine des Sans-Dieu porte sur toute forme de christianisme, les protestants ne sont pas plus épargnés. En 1914, l'Eglise évangélique de Russie 40 comptait un million cent mille membres, dont deux cent trente pasteurs. Elle possédait huit cents temples. Aujourd'hui, sur quatre-vingt-trois pasteurs survivants dans l'U.R.S.S., quarante souffrent dans les camps de servage de Sibérie ou dans ceux des bords de la mer Blanche ; deux d'entre eux — les pasteurs Seib et Deutschmann 41 ont été condamnés à mort parce qu'ils ont « sollicité et accepté des secours étrangers pour les affamés ».
Sur les trente-huit autres pasteurs, « dix-huit seulement peuvent encore exercer leur ministère » et « tous sont victimes d'incessantes persécutions » (1934). Ils n'étaient que quatorze en octobre 1935 et huit en février 1936 42.
Malgré cet acharnement contre le christianisme, contre tout déisme même, n'est-il pas consolant de songer que nombreux sont encore les chrétiens fidèles à leur foi. Ils sont vraiment des mainteneurs admirables de cette religion qui survit alors que s'effondrent même les gouvernements au sort desquels sa vie semblait liée.
* * *
Mais au gré des athées militants, ces témoins des civilisations d'hier sont encore trop nombreux. Détruire les derniers vestiges de la « superstition » religieuse, tel est le mot d'ordre donné en 1935 par les dirigeants de l'athéisme moscoutaire : « Le grand problème de l'Union des Sans-Dieu Militants — d'après le Bezbojnik de juin de cette même année, c'est le travail antireligieux de choc, persévérant et assidu pour vaincre définitivement dans la conscience des masses les dernières survivances du terrible et honteux pouvoir de la religion ».
Au VIIe Congrès des Soviets (1935), le camarade Yaroslavsky s'écriait 43 : « Notre pays... brise tous les liens avec le passé, y compris les liens avec la religion. Des millions d'hommes ont déjà secoué ce terrible joug. Mais nous ne pouvons pas nous arrêter à mi-chemin. Nous devons lutter de toute notre énergie pour parvenir à la rupture complète de tous les travailleurs avec l'Eglise et la religion... Nous combattrons impitoyablement tous ceux qui nous barreront la route... »
Récemment encore, le camarade Scheinman, adjoint de Yaroslavsky, dogmatisait 44 : « Notre athéisme est un athéisme militant et, par là, il se distingue de l'athéisme bourgeois. Il attaque toutes les forteresses de l'ancien monde, ainsi que son idéologie. Il ne s'agit pas d'une coexistence pacifique avec le clergé, mais d'une lutte implacable contre la religion pour la rééducation des travailleurs qui suivent encore l'Eglise. C'est là notre but ! » Aussitôt, après, Scheinman rappelait la consigne du jour : « Encore plus d'esprit militant, encore plus d'intransigeance antireligieuse ».
Malgré ces directives très nettes, les organes de l'athéisme moscoutaire reconnaissent eux-mêmes un déclin réel dans l'activité de l’U.S.D.M. : « À Leningrad, par exemple, — nous citons le Bezbojnik d'août 1935 — de nombreux prosélytes ont abandonné ln propagande antireligieuse, l'instruction est négligée, il n'y n plus le même élan dans le travail des masses, la liaison avec les organisations régionales est relâchée.
« En Ukraine, on constate la même situation. Da ns les régions de Saratov, de Stalingrad et dans le Nord, 10 travail est mauvais. Il en est de même dans presque toute la Sibérie et dans la région de l'Ouest ».
Quelle est la cause de ce déclin ? C'est encore le Bezbojnik d'août 1935 qui nous l'apprend : « Beaucoup d'organisations... régionales se bercent d'illusions : elles s'imaginent que le succès du second plan quinquennal est grandiose ; que l'ennemi de classe est détruit, elles en concluent donc que la propagande antireligieuse devient désormais superflue. Dans certaines régions dans le Caucase et dans le Nord, par exemple — on a même cherché à supprimer les organisations des S.D.M., sous prétexte que personne n'avait plus de religion. Ailleurs, on laisse le travail antireligieux se faire de lui-même ».
Voilà des aveux significatifs. Faut-il en conclure que l'athéisme diminue dans l'U.R.S.S. ? Nullement. Pour être moins bruyante, la lutte antireligieuse n'en est pas moins tenace : elle fait même des progrès. La conférence de l'U.S.D.M., tenue à Moscou en l'été 1935, après avoir constaté la baisse considérable du nombre de ses cellules et des membres de son organisation, constate aussi que « l'athéisme se répand plus que jamais dans les masses, en ville et à la campagne ».
Le Conseil Central de l'U.S.D.M. n'en prend pas moins des mesures pour donner un regain d'activité à son œuvre. Les cadres sont épurés et renforcés car d'après le rapport de la Conférence des Sans-Dieu : « ces cadres ne répondent absolument pas aux exigences du moment. Ils ne sont pas suffisamment sûrs au point de vue politique. Dans toute une série d'organisations antireligieuses, les rôles principaux sont joués par les trotskistes v. g. à Leningrad, en Sibérie orientale et en Ukraine... »
Le Conseil Central de l'U.S.D.M. va même plus loin : il exige que toutes les sections de l'Union surveillent les travailleurs du front antireligieux.
En l'automne 1935, le Conseil Central des S.D.M. était chargé 45 « de rassembler tous les travailleurs de l'U.S.D.M. pour leur faire suivre des cours et faire ainsi monter leur rendement virtuel 46. Dans les villes, des chaires semblables devaient être créées pour instruire les travailleurs locaux. Les Conseils des S.D.M. étaient invités à surveiller de plus près les prosélytes de l'antireligion. Tous les athées de valeur, qui pour différentes raisons s'étaient retirés ces dernières années, devaient être rappelés au travail ».
Ces mesures ne correspondent-elles pas exactement aux décrets du plan quinquennal antireligieux ? La troisième année de ce plan ne devait-elle pas être consacrée « à augmenter l'activité des cellules Sans-Dieu » ? Comment, dès lors, s'étonner d'une telle offensive ?
Nous pouvons donc conclure, avec un rapport récent 47 du Bureau de la Commission Internationale « Pro Deo » : « Il a suffi de relâcher quelque peu la direction des Sans-Dieu pour constater aussitôt un affaiblissement considérable de toute l'organisation dont le caractère artificiel apparaît clairement. Loin d'avoir poussé des racines profondes dans la masse de la population, l'antireligion est rejetée par elle dès que s'affaiblit la pression d'en haut ». Par ailleurs, « le désir des chefs communistes... d'aboutir à l'extermination de la religion est toujours inébranlable. Constatant l'affaiblissement, disons même l'échec partiel de leurs organisations antireligieuses, ces chefs se remettent aussitôt au travail, rallient leurs troupes, cherchent de nouvelles ressources et font appel aux moyens d'action officiels ». En un mot, ils reprennent l'offensive 48.
Hors de l'U.R.S.S. de 1935, de l'athéisme militant au pseudo-pacifisme athée
Avec les menaces d'une nouvelle conflagration mondiale et les succès « fascistes » qui se consolident en Europe, les dirigeants de la IIIe Internationale, dans leur propagande de l'antireligion, substituent peu à peu une tactique nouvelle à l'ancienne.
Leur but est toujours le même : déraciner la religion. Mais, sauf au Mexique, où l'action des Sans-Dieu est encore calquée sur celle des athées moscoutaires, la propagande de l'I.L.P., hors de l'U.R.S.S., devient moins directe : elle évite 49 de heurter le sentiment religieux de l'âme populaire. Les leaders communistes semblent avoir compris que les moyens brutaux et grossiers sont voués à un échec s'ils ne sont pas exercés sous l'égide d'une dictature du prolétariat matérialiste et athée. Hors de l'U.R.S.S., l'action communiste se masque donc de plus en plus de l'étiquette d'un pseudo-pacifisme. La consigne des chefs sera : « Luttons contre la guerre et le fascisme ». Mais — selon la très juste remarque d'un observateur perspicace 50 — « ils ne manquent pas d'ajouter que les tenants de l'idée religieuse sont aussi ceux du fascisme et de la guerre. C'est ce qu'ils appellent lutter aussi bien contre la forme religieuse que contre la forme fasciste de l'idéologie capitaliste, ou encore préparer le front unique antichrétien et antifasciste ». Cette méthode est spécialement appliquée pour gagner la jeunesse chrétienne à l'athéisme bolcheviste. Le 15 juillet 1935, le Comité Central de l'Internationale Communiste des Jeunes a décidé de « multiplier les accords fraternels avec les jeunes travailleurs chrétiens et avec leurs organisations, pour l'élargissement de l'unité de la jeunesse contre le fascisme ».
Notons d'ailleurs que les communistes qualifient de fascisme toute idéologie qui n'est pas sympathisante avec la leur : dans leur mentalité, le capitalisme est fasciste, la religion est fasciste, les organisations patriotiques sont fascistes...
C'est ainsi qu'aujourd'hui, à l'occasion du conflit italo-éthiopien, un front populaire unique, communiste, antichrétien et antifasciste se développe dans le monde. Les Sans-Dieu de l'U.R.S.S. ne nous cachent pas 51 qu'ils sont chargés de cet immense front antireligieux. Pour le réaliser, ils ont reçu l'ordre « de déployer la plus grande activité possible », afin d'établir « une étroite liaison avec les Unions des libres penseurs prolétariens et les organisations bourgeoises et réformistes ». Ce front unique est d'ailleurs déjà une réalité : il multiplie ses manifestations dans toutes les grandes capitales. Une des dernières se tenait à Madrid, le 20 octobre 1935. Au dire des organes soviétiques, elle réunit quatre cent mille personnes. Une immense pancarte communiste dominait le terrain. Elle portait cette inscription : « Le fascisme ne passera pas ». D'autres arboraient « des portraits gigantesques de Marx, Lénine et Staline ». Azana parla deux heures et demie pour attaquer le gouvernement actuel et, selon l'expression des moscoutaires, « la coalition réactionnaire clérico-fasciste ». Triste pacifisme que ce pseudo-pacifisme athée qui n'est qu'un pacifisme révolutionnaire ! Ne réclame-t-il pas « le désarmement de la bourgeoisie et l'armement du prolétariat » ? Ne prépare-t-il pas la guerre civile, en légitimant par avance toute guerre soviétique offensive ou défensive ?
Épilogue
Les multiples complicités des nations capitalistes avec le gouvernement des Républiques soviétiques et les progrès du communisme dans tous les pays qui tolèrent sa propagande, deviennent une menace redoutable pour l'avenir.
C'est qu'en effet, pour être fidèle à la doctrine de Marx, le prolétariat qui s'est emparé du pouvoir dans un pays doit allumer l'incendie de la révolution partout ailleurs ou, en d'autres termes — selon les propres paroles de Lénine 52 — « la tâche de la révolution victorieuse consiste à faire le maximum dans un pays pour le développement, le soutien, l'éveil de la révolution dans les autres... »
Staline n'a pas renoncé au principe léniniste. Il y a quelques années, il le reprenait en des termes presque identiques, dans une conférence donnée à l'Université de Moscou : « ...La Révolution victorieuse dans un pays a pour tâche essentielle de développer et de soutenir la révolution dans les autres. Aussi ne doit-elle pas se considérer comme une grandeur indépendante, mais comme un auxiliaire, un moyen d'accélérer la victoire du prolétariat dans les autres pays ».
Et encore : il faut « consolider la dictature du prolétariat dans un pays, s'en servir comme point d'appui pour renverser l'impérialisme dans tous les autres. La révolution ne reste pas limitée à une seule contrée, elle entre dans sa phase mondiale... » 53 Au VIIe Congrès de l'Internationale Communiste, tenu à Moscou en l'été 1935, Staline méritait donc bien d'être glorifié comme le chef de la révolution mondiale.
Que le gouvernement soviétique, le parti communiste russe et le Kominterm, ces trois organisations qui ne font qu'une seule unité morale, affichent ouvertement leur plan, ou qu'ils le masquent avec soin, leur but final n'en reste pas moins le même : dans le monde entier, ils veulent faire triompher le matérialisme athée par le « renversement violent de tout l'ordre social traditionnel »54.
Tâche universelle qui semblerait chimérique, si nous ne la savions singulièrement facilitée par l'étroite liaison qui unit le Comité exécutif de la IIIe Internationale moscoutaire avec ses multiples ramifications disséminées dans tous les continents : partis communistes des autres pays, organisations auxiliaires telles que l'Internationale communiste des Jeunes, l'Internationale rouge des Femmes, l'Internationale rouge des Sports, les Groupements internationaux des Combattants rouges, le V.O.K.S. ou société pour les relations culturelles avec l'étranger, l'Internationale des travailleurs de l'enseignement, l’Internationale des libres penseurs prolétariens, le Secours rouge international, l'Internationale syndicale rouge, etc... Et ces organisations communistes sont aujourd'hui renforcées par leur alliance avec les partis de la IIème Internationale (front unique) et avec le front populaire. C'est donc tout un monde athée qui est mobilisé contre la civilisation chrétienne.
Les rapports présentés à son VIIe Congrès ont montré que le Kominterm est loin d'avoir renoncé à sa propagande hors de l’U.R.S.S. 55. Et pour que nous ne puissions pas en douter, un organe authentique du communisme en France prend soin de nous en avertir 56 : qu'ils doivent « perdre toute espérance... ceux qui se berçaient de l'espoir ridicule d'on ne sait quelle évolution de la IIIe Internationale ».
Devant cette redoutable menace pour l'avenir, nous ne pouvons rester indifférents. Les solidarités entre les nations même les plus éloignées ne sont-elles pas trop étroites aujourd'hui pour que notre indifférence ne soit pas une complicité avec les progrès de l'antireligion. Et cependant, la cause de Dieu n'est-elle pas lâchement trahie par ses amis, tandis qu'elle est furieusement attaquée par ses ennemis ?
Il est vrai que les trois grandes Confessions chrétiennes se sont émues des progrès de l'athéisme militant : leurs chefs respectifs ont protesté à maintes reprises 57. Dans chacune de ces Confessions, certains ont compris le besoin de s'unir pour travailler à faire connaître le mal et y porter remède. De ce besoin sont nés The International Christian Crusade, fondée au Canada en 1928 ; The Christian Protest movement, fondé à Londres en décembre 1929 ; la Commission Internationale « Pro Deo » fondée à Genève en 1933 ; la Revue Unitas, dont le premier numéro paraissait en octobre 1934 ; les Lettres de Rome, publiées pour la première fois en 1935.
Mais ces efforts, comment seraient-ils suffisants pour enrayer les progrès de l'antireligion, ne serait-ce que dans l'Europe occidentale ? S'ils ne sont pas secondés par un renouveau chrétien, promoteur d'une justice plus exacte, d'une charité et d'une compassion vraiment universelles à l'égard des masses ouvrières, n'est-il pas à craindre qu'ils ne soient submergés par la marée montante du communisme athée ? Avec les perspectives illusoires du messianisme prolétarien, c'est la souffrance et l'injustice que les bolchevistes exploitent le plus, pour exaspérer la lutte des classes et verser dans les cœurs la haine qui multiplie le nombre des Sans-Dieu. Peut-être même cette offensive inouïe contre le christianisme est-elle l'aurore de l'union dogmatique entre tous les chrétiens : en forçant ceux-ci à s'unir contre un ennemi commun, l'union des cœurs hâtera sans doute l'union des esprits.
Quoi qu'il en soit, cette union défensive s'impose. Pie XI l'écrivait récemment : « Il faut que... nous aussi nous unissions toutes nos forces en un groupe compact qui oppose un front unique et solide aux phalanges malfaisantes ennemies de Dieu aussi bien que du genre humain. Dans cette lutte, il s'agit de la décision la plus importante qui puisse être demandée à la liberté humaine : pour ou contre Dieu, c'est là de nouveau le choix qui doit décider du sort de toute l'humanité... »
Jacques de Bivort, in Essai d’une somme catholique contre les Sans-Dieu
Editions SPES, 1936
  
1. Staline : Le Léninisme théorique et pratique, Paris, Bureau d'Éditions (communistes), 1933, p. 3.
2. Le Labour Party parfois appelé le Parti socialiste anglais, ne professe pas le socialisme marxiste. Aussi, l'Eglise permet-elle à ses fidèles d'adhérer à ce groupement politique.
3. L'expérience socialiste en Russie prouve très nettement que l'égalité entre les hommes est une chimère : les tyrans bolchevistes, sous prétexte d'établir cette égalité, ne sont-ils pas eux-mêmes devenus une oligarchie d'exploiteurs ?
4. Cf. Proletari (Le Prolétaire), n° 45. 25/13 mai 1909.
5. Loc. cit.
6. Sur la distinction à faire entre l'ordre de la vérité et l'ordre de la charité, on peut se reporter aux importantes déclarations du R. P. Gillet dans Le Figaro du 26 novembre 1935. Cet article montre très clairement que si, « dans l'ordre de la vérité », il n'y a pas d'accord doctrinal possible entre le catholicisme et le socialisme, « en revanche, dans l'ordre de la charité, il peut y en avoir, il faut qu'il y ait des rapprochements individuels. C'est le devoir et le secret de tout apostolat. Il y a, en effet, parmi les socialistes et parmi les communistes, beaucoup de braves gens, de très bonne foi, mais trompés et aveuglés par des doctrines séduisantes ou des exemples pernicieux ». Cf. à ce sujet les publications du P. Lhande et de Jean de Vincennes sur la banlieue parisienne.
7. D'après Konrad Algermissen : Die Gottlosenbewegung der Gegenwart und ihre Uberwindung, Verlag Joseph Giesel, Hanover, 1933, p. 128. Ces chiffres reproduisent les statistiques officielles moscoutaires. Ils diffèrent, par le fait même, de ceux que nous avions publiés dans la Revue des Deux Mondes du 1er février 1935, p. 570. Ceux-ci correspondaient à ce que des témoins impartiaux estimaient alors être les chiffres objectifs.
8. On trouvera le texte intégral de cet arrêté, signé par le Conseil central de l’U.S.D.M., dans l'Antireliguioznik, n°2 et 3, 1934. Pour la structure et les méthodes de l’U.S.D.M., ainsi que pour quelques autres parties de cette étude, nous reproduisons, avec suppressions et retouches, plusieurs passages déjà publiés par nous dans la livraison de la Revue des Deux Mondes, loc, cit.
9. Stepanoff : Les Problèmes et les méthodes de la propagande antireligieuse, Moscou, 1923, cité par la Documentation catholique, 19 avril 1930, col. 1010.
10. Bezbojnik, 29 juillet 1934.
11. Cf. Golovkine : Organisation et Méthodes du Travail antireligieux, Moscou. Éditions de l'État, 1934, passim. Nous résumons d'après les Documents du Bureau de la Commission Internationale « Pro Deo », dont nous nous sommes abondamment servis pour cet article.
12. Cité d'après le Bulletin Religieux et E.I.A., n°6 du 2 février 1935, p. 1.
13. Loukatchevsky : Nouveau manuel antireligieux, Moscou 1933, p. 330.
14. Cf. Bezbojnik, du 29 juin 1934.
15. Antireliguioznik, 7, 1930.
16. Cf. Bezbojnik, du 29 mai 1924.
17. Nous empruntons lu début de cette liste au texte polycopié du Rapport à la IIIe session de la C.I. « Pro Deo » (10-11 septembre 1934)
18. Ce journal ne paraît plus depuis janvier 1935, mais les chroniques qu'il publiait sont insérées, aujourd'hui, dans le Bezbojnik (illustré) et dans l'Antireliguioznik.
19. Marcel Koch dans : La Russie d'aujourd'hui, avril 1934.
20. Parmi les sujets des conférences prévues pour l'année 1935-1936, se trouvent :
1/ La littérature et sa place dans le travail antireligieux ;
2/ Lucrèce et sa critique de la religion ;
3/ Ulrich de Hutten et Érasme en lutte avec le clergé catholique ;
4/ la critique de la religion chez Boccace ;
5/ la satire de Rabelais sur l'Église catholique ;
6/ Molière et sa satire sur le clergé ;
7/ la guerre de Voltaire contre l'Église ;
8/ Heinrich Heine, lutteur contre l'Église ;
9/ Dostoïevsky et sa philosophie religieuse en lutte contre la révolution ;
10/ Les œuvres anti-ecclésiastiques d'Émile Zola ;
11/ Anatole France et sa satire anti-ecclésiastique ;
12/ La littérature soviétique dans la lutte contre la religion et autres.
21. Bezbojnik, du 29 juin 1934.
22. Le décret, annonçant la suppression de la carte de pain a paru dans les Izvestia du 29 novembre 1934.
23. Cf. La Lutte, février 1932.
24. Cf. La Correspondance Internationale, 26 mai 1934, p. 859.
25. D'après Konrad Algermissen : Op. cit., loc. cit.
26. E. Yaroslavsky : Religion in U.S.S.R., New-York, International Publishers, 1934, p. 13.
27. Cf., Britain without God, an Exposure of Anti-Godism, by a London Journalist ; Preface by Sir Thomas Inskip, London, The Lutterworth Press, 1935, p. 35. Les Soviets ont toujours contesté l'existence du plan quinquennal antireligieux, dont nous avons traduit le résumé d'après le livre précité. En plus de la déclaration de Yaroslavsky (cf., note 2), nous n'en possédons pas moins plusieurs autres preuves indirectes suffisantes pour nous convaincre que ce plan existe réellement : 1/ Des milieux protestants allemands ont entendu un poste de radio soviétique se référer à ce plan ; 2/ Le livre, déjà cité 15 ans d'athéisme militant en U.R.S.S., Moscou, Éditions de l’État,1932, fait allusion à ce plan ; 3/ Le Bezbojnik du 17 novembre 1934, parle de « la propagande antireligieuse qui est une partie essentielle de la lutte des classes, particulièrement importante au cours du second plan quinquennal ».
28. Antireliguioznik, n° 3, 1934.
29. E. Yaroslavsky, Op, cit,. loc. cit.
30. Antireliguioznik, janvier 1932.
31. Nous donnons ces dernières statistiques d’après le R.P. Joseph Ledit, cité par l'Ami du Clergé, du 28 mal 1085, p. 322.
32. Cf., Rapport de la IV" Session de la Commission Internationale « Pro Deo ».
33. La Correspondance Internationale, 26 mai 1934, p.859.
34. Yaroslavsky est en effet membre de la Commission de Contrôle.
35. En plus des 50 960 prêtres, il y avait 17 430 moines, 15 210 diacres, 45 705 sacristains et 52 032 religieuses. Ces statistiques ont été publiées dans le Bezbojnik de janvier 1935 et citées dans un rapport du Dr Lodygensky, présenté à la Ve Session de la Commission Internationale « Pro Deo », tenue à Genève le 31 septembre et le 1er octobre 1935.
36. Loc. cit.
37. D'après le DT Lodygensky, loc. cit.
38. D'après Robert Kotten : L'âme russe en détresse, Liége, La Pensée catholique, Appendice III. Ces chiffres se rapportent à l'ancien territoire de la Russie qui comprenait la Lithuanie, la Lettonie et la Pologne.
39. Cf. Berliner Beirsen Zeitung, du 21 mai 1935.
40. Ces détails et les suivants sur l'Église évangélique sont empruntés au rapport présenté par le comte Kayserlingk, à la Ve Session de la Commission internationale « Pro Deo ».
41. D'après une communication faite le 9 novembre 1935 au Bureau de la Commission Internationale « Pro Deo », la condamnation à mort des pasteurs Seib et Deutschmann a été commuée en dix ans de déportation.
42. Mitteilungen der Deutsch. « Pro Deo » Kommis., 1936, n°2.
43. Cf. Antireliguioznik, n° 2 mars-avril 1935.
44. Cf. Bezbojnik, août 1935.
45. Cf. Bezbojnik. Loc. cit.
46. Voici les thèmes qui ont été proposés aux cours du Conseil Régional S.D.M. de Léningrad pour 1935-1936 :
1/ Doctrine marxiste-léniniste sur la religion et la lutte contre elle ;
2/ l'état actuel des organisations religieuses et du mouvement antireligieux prolétarien dans les pays capitalistes ;
3/ l'édification de la société socialiste sans classes, la rééducation socialiste et la lutte contre la religion ;
4/ la reconstruction socialiste de l'agriculture et la lutte contre la religion ;
5/ sujets scientifiques (l'anti-darwinisme et la théorie fasciste des races, les causes des éclipses, la science et la religion de la conduite de l'homme, comment nous créons de nouvelles sortes de plantes, des nouvelles espèces d'animaux, etc...) ;
6/ l'histoire de l'athéisme ;
7/ l'histoire de la religion.
47. Cf. Rapport présenté à la Ve Session de la Commission Internationale « Pro Deo ».
48. La Kölnische Volkszeitung, du 10 février 1936, reproduit le bilan de l'action sans-dieuiste publié à l'occasion du Xe anniversaire du mouvement par La Pravda de Moscou, le 8 février. D'après le journal communiste, l'Union des Sans-Dieu compte, seulement dans les différentes exploitations agricoles, 50 000 cellules, avec environ 5 millions de membres ; de plus, encore 2 millions de Jeunes militants. Plus de 30 musées antireligieux ont été fondés ; près de dix mille conférences, discussions, etc., furent données annuellement ; ainsi, par exemple, rien qu'en Ukraine, dans le courant de 1935, on a eu 5 775 conférences antireligieuses. La maison d'édition sans-dieuiste publie jusqu'à 80 nouveaux livres scientifiques contre la religion par an, sans compter tous les journaux et brochures.
49. Informations Internationales, février 1935, cité d'après le R. P. Archambault : La menace communiste au Canada, Montréal, l'École Sociale populaire, 1935 ; p. 57.
50. Cf. La Lutte (de Genève), n° 46, du 19 novembre 1985.
51. Cf. Antireliguioznik, septembre-octobre 1935.
52. Cité par Staline, Op. cit., pp. 27 et 28.
53. Staline, Op. cit., p. 59.
54. Programme de l'Internationale Communiste (1935).
55. Cf., à ce sujet, l'Internationale Communiste, n° spécial 17-18 septembre 1935, et Documentation de l'Entente Internationale contre la IIIe Internationale, septembre-octobre 1935.
56. Cf. l'Humanité, 27 août 1935.
57. Op trouvera la liste des protestations pontificales dans l’Unitas, novembre-décembre 1934, pp. 13 à 16.