jeudi 26 juillet 2012

En prophétisant... CS Lewis, L'Abolition de l'homme


L’homme a conquis la nature » est  une expression souvent utilisée pour décrire le progrès des sciences appliquées. « L'homme a étrillé la nature », a confié récemment quelqu'un à un de mes amis. Dans ce contexte, les mots avaient une certaine beauté tragique, car l'interlocuteur était en train de mourir de la tuberculose. « Peu importe, dit-il, car je sais que je fais partie des pertes. Bien sûr, il y a des pertes des deux côtés, celui du vainqueur et celui du vaincu. Mais cela ne change rien au fait que c'est elle qui est en train de gagner ». Si j'ai choisi cette histoire comme point de départ, c'est pour montrer clairement que je ne souhaite pas décrier tout ce qui est réellement bénéfique dans le processus décrit comme une « conquête de l'homme », et encore moins tout le dévouement et toute l'abnégation qui ont rendu cette conquête possible. Cela étant dit, je me dois d'analyser maintenant cette conception un peu plus en détail. Dans quel sens peut-on dire que l'homme est le détenteur d'un pouvoir croissant sur la nature ?
Prenons trois exemples typiques : l'avion, la radio et les contraceptifs. En temps de paix et dans un pays civilisé, ces choses sont à la disposition de toute personne qui a l'argent nécessaire pour se les offrir. Mais on ne peut pas dire au sens strict du mot que c'est là exercer un pouvoir individuel sur la nature. Si je vous paie pour que vous me portiez, je ne suis pas pour autant un homme fort. L'une ou l'autre des trois choses que je viens de mentionner, ou toutes les trois, peuvent être refusées à certaines personnes par d'autres personnes — par celles qui les vendent ou par celles qui en autorisent la vente, par celles qui détiennent les moyens de production et par celles qui fabriquent les biens en question. Ce que nous appelons le pouvoir de l'homme est, en réalité, un pouvoir détenu par certains qui peuvent, à leur gré, permettre à d'autres d'en profiter. Pour ce qui est du pouvoir lié à l'usage de l'avion ou de la radio, l'homme le subit et y est assujetti tout autant qu'il le détient, étant donné qu'il est la cible à la fois des bombes et de la propagande. En ce qui concerne les contraceptifs, on peut dire, dans un sens très paradoxal et négatif, que toutes les générations futures potentielles subissent un pouvoir exercé par ceux qui sont déjà en vie et qu'elles y sont assujetties. Par la seule contraception ces générations éventuelles se voient dénier l'existence ; par la contraception utilisée comme moyen de sélection (eugénisme) elles sont soumises, sans qu'on leur demande leur avis, aux choix et préférences d'une génération agissant pour des raisons qui lui sont propres. Dans cette perspective, ce que nous appelons le pouvoir de l'homme sur la nature s'avère être un pouvoir exercé par certains hommes sur d'autres avec la nature pour instrument.
Il est devenu banal, bien sûr, de se plaindre de ce que les hommes ont jusqu'à présent mal usé, et contre leurs semblables, des pouvoirs que la science leur a donnés. Mais ce n'est pas là le point que je désire mettre en exergue. Je ne veux pas parler des corruptions et abus particuliers auxquels une plus grande vertu morale pourrait remédier ; j'essaie de réfléchir à ce qu'on appelle « le pouvoir de l'homme sur la nature » et à ce qu'il doit toujours être dans son essence. Il ne fait aucun doute que les choses seraient différentes si les matières premières et les usines étaient des biens d'État, et si la recherche scientifique était soumise à un contrôle public. Mais à moins d'avoir un État mondial, ce pouvoir signifiera toujours le pouvoir d'une nation sur les autres. Et même à l'intérieur d'un État mondial ou d'une nation, ce pouvoir signifiera (en principe) le pouvoir des majorités sur les minorités et (dans la réalité concrète) celui d'un gouvernement sur le peuple. Tout exercice du pouvoir à long terme, en particulier dans le domaine démographique, ne peut être autre chose que le pouvoir des générations qui précèdent sur celles qui suivent.
On ne met pas toujours suffisamment l'accent sur ce dernier point, parce que les sociologues n'ont pas encore appris à toujours prendre en considération, comme les médecins, la dimension du temps. Si l'on veut comprendre plus complètement ce que signifie le pouvoir de l'homme sur la nature, et par conséquent le pouvoir de certains hommes sur d'autres, nous devons nous représenter l'espèce humaine à travers le temps, de la date de son apparition à celle de son extinction. Chaque nouvelle génération exerce un pouvoir sur celles qui lui succéderont ; et chacune résiste au pouvoir de ses prédécesseurs et le limite dans la mesure où elle modifie l'environnement dont elle hérite et se rebelle contre la tradition. Cela change quelque peu l'image souvent proposée d'une émancipation progressive à l'égard de la tradition, et d'un contrôle croissant des processus naturels qui conduirait à une augmentation continue du pouvoir de l'homme. En réalité, si, à une époque donnée, l'homme accède, grâce à l'eugénisme ou à ses connaissances scientifiques, au pouvoir de façonner ses descendants à son gré, tous les hommes qui vivront après cette époque seront assujettis à ce pouvoir. Ils seront plus faibles, et non plus forts ; car on aura beau avoir remis de merveilleuses machines entre leurs mains, on aura décidé à l'avance ce qu'ils doivent en faire. Et si, comme c'est presque certain, l'époque qui aurait accédé à ce pouvoir maximal sur la postérité était aussi celle qui s'est le plus émancipée de la tradition, elle s'évertuerait à réduire le pouvoir de ses prédécesseurs de façon aussi drastique que celui de ses successeurs. Toutes ces considérations mises à part, n'oublions pas que plus une génération apparaît tardivement dans le temps, plus elle se rapproche de la date de l'extinction de l'espèce, et plus son pouvoir sur l'avenir s'affaiblit parce que le nombre de ses sujets s'amenuise. Il ne peut donc plus être question d'un pouvoir inhérent à l'espèce qui augmenterait régulièrement tant que celle-ci subsiste. Loin d'être les héritiers d'un tel pouvoir, les derniers humains seront, de tous les hommes, les plus assujettis aux actes stériles des grands planificateurs et conditionneurs, et ce sont eux qui auront le moins de pouvoir sur l'avenir.
Ce que nous devons essayer de nous représenter, c'est une époque dominante — prenons, par exemple, le centième siècle après Jésus-Christ — qui résiste avec succès à toutes les époques précédentes et domine celles à venir de façon irrésistible, et qui devient donc le vrai maître de l'espèce humaine. Mais au sein de cette génération dominante (qui n'est elle-même qu'une infime minorité de l'humanité), le pouvoir sera exercé par une minorité plus infime encore. Si les rêves de certains planificateurs scientifiques se réalisent, la conquête humaine de la nature sera synonyme de domination de quelques centaines d'individus sur des milliards d'êtres humains. Dans ce cas, il n'y a et ne peut y avoir d'augmentation du pouvoir de l'homme. Tout nouveau pouvoir conquis par l'homme est aussi un pouvoir sur l'homme. Tout progrès le laisse à la fois plus faible et plus fort. Dans chaque victoire, il est à la fois le général qui triomphe et le prisonnier qui suit le char triomphal.
Je ne cherche pas pour le moment à savoir si ces victoires ambiguës sont une bonne ou une mauvaise chose. Je tente seulement d'expliquer ce que signifie réellement la conquête humaine de la nature, en particulier le stade final de cette conquête, qui n'est peut-être pas si loin de nous. L'étape ultime sera atteinte lorsque l'homme, par l'eugénisme, par le conditionnement prénatal et par une éducation et une propagande fondées sur une psychologie parfaitement appliquée, sera parvenu à exercer un contrôle total sur lui-même. La nature humaine sera la dernière composante de la Nature à capituler devant l'homme. La bataille sera alors gagnée. Nous aurons ôté le fil de la vie des mains de la Parque et serons désormais libres de façonner notre espèce conformément à notre bon vouloir. La bataille aura, certes, été gagnée, mais qui, exactement, l'aura remportée ?
Car, comme nous l'avons vu, le pouvoir qu'a l'homme de faire de l'espèce humaine ce qui lui plaît est en fait le pouvoir qu'ont certains hommes de faire des autres ce qui leur plaît. Il est certain qu'à toutes les époques on a essayé, dans une certaine mesure, d'exercer ce pouvoir par l'éducation et l'instruction. Mais la situation à laquelle nous devons nous attendre sera nouvelle à deux égards. D'abord, le pouvoir aura pris des dimensions considérables. Jusqu'à présent, les projets des théoriciens de l'éducation ont atteint bien peu des objectifs qu'ils s'étaient proposés, et il est vrai que lorsque nous lisons leurs écrits – que Platon voulait faire de chaque petit enfant « un bâtard élevé dans un bureau », qu'Elyot proposait que les garçons ne voient pas d'homme avant l'âge de sept ans et pas de femmes après 1, et que Locke voulait que les enfants aient des chaussures qui prennent l'eau et qu'ils n'aient aucun goût pour la poésie 2 –, nous sommes reconnaissants pour l'entêtement salutaire des vraies mères, des vraies nourrices et par-dessus tout des vrais enfants, qui ont permis à l'espèce humaine de préserver son bon sens, si tant est qu'il lui en reste. Mais les façonneurs des humains de l'ère nouvelle seront dotés des pouvoirs d'un État omnicompétent et armés de techniques scientifiques irrésistibles ; nous serons enfin face à une race de conditionneurs qui pourront réellement façonner toute postérité dans le moule qui leur convient.
La seconde différence est même plus importante encore. Dans les anciens systèmes, le genre d'homme que les enseignants souhaitaient produire, et les motivations qui les poussaient dans ce sens, étaient prescrits par le Tao, une norme à laquelle les enseignants eux-mêmes étaient soumis et dont ils ne souhaitaient pas se départir. Ils ne façonnaient pas l'homme selon un modèle choisi. Ils transmettaient ce qu'ils avaient reçu ; l'enseignant initiait le jeune néophyte au mystère de l'humain qui les recouvrait l'un et l'autre de sa majesté. C'étaient comme des oiseaux adultes apprenant aux plus jeunes à voler. Cela change désormais. Les valeurs ne sont plus que de simples phénomènes naturels. Dans le cadre du conditionnement, on s'efforce de produire chez l'élève des jugements de valeur. Le Tao, ou ce qui va en tenir lieu, ne sera plus la motivation, mais le produit de l'éducation. Les conditionneurs se sont émancipés de tout cela. C'est une partie supplémentaire de la nature qu'ils ont conquise. Les ressorts fondamentaux de l'action humaine ne sont plus pour eux une donnée pure et simple ; ils ont livré tous leurs secrets — comme l'électricité ; la fonction des conditionneurs consiste à les contrôler, non à leur obéir. Ils savent comment produire une conscience et décident quel genre de conscience ils veulent produire. Eux-mêmes se situent en dehors, au-dessus. Car c'est bien du dernier stade de la lutte de l'homme avec la nature qu'il s'agit. La victoire finale a été remportée. La nature humaine a été conquise — et, bien sûr, elle s'est conquise elle-même —, quel que soit le sens que ces mots peuvent désormais revêtir.
Les conditionneurs vont par conséquent devoir choisir quel genre de Tao artificiel ils veulent, pour des raisons qui leur sont propres, produire dans l'espèce humaine. Ils pousseront les autres à agir, ils seront créateurs de motivations. Mais d'où tireront-ils eux-mêmes leurs motifs d'agir ?
Pendant un temps, ils seront peut-être motivés par ce qui subsistera du vieux Tao naturel dans leurs pensées. Ainsi se considéreront-ils probablement eux-mêmes comme les serviteurs et les gardiens de l'humanité et penseront-ils qu'ils ont le « devoir » de faire « le bien ». Mais s'ils peuvent rester dans cet état, c'est uniquement parce que leurs idées sont confuses. Pour eux, le concept du devoir est le résultat de certains processus qu'ils peuvent désormais contrôler. Leur victoire consiste précisément à passer de l'état où ils étaient dominés par ces processus à un état où ils s'en servent comme instruments. Et il leur faut maintenant décider si oui ou non ils vont conditionner le reste d'entre nous de manière que nous conservions notre vieille idée du devoir et nos vieilles réactions à son égard. Comment le devoir peut-il les aider à prendre cette décision ? Il est directement au banc des accusés ; comment peut-il être juge et partie ? Quant au « bien » il n'est guère mieux loti. Les conditionneurs savent parfaitement comment produire en nous une douzaine de conceptions différentes du bien. La question, si tant est qu'elle se pose, est de savoir laquelle ils veulent produire. Aucune conception du bien ne peut les aider dans cette décision. Il est en effet absurde de prendre l'une de plusieurs choses que l'on compare pour en faire le critère même de notre choix.
Certains auront sans doute l'impression que je suis en train d'inventer une difficulté artificielle pour mes conditionneurs. D'autres, à l'esprit critique plus ingénu, me demanderont peut-être : « Pourquoi prenez-vous ces conditionneurs pour des hommes aussi mauvais ? » Mais je ne crois pas que ces hommes sont mauvais : en fait, je crois plutôt que ce ne sont pas du tout des hommes (dans l'ancienne acception du mot). En d'autres termes, ce sont des gens qui ont sacrifié leur part d'humanité au sens traditionnel pour se consacrer à la tâche de décider ce que l'humanité doit signifier à l'avenir. Appliqués à eux, les mots « bons » et « mauvais » sont vides de sens, car c'est d'eux que doit désormais dépendre le sens de ces mots. Leur difficulté n'est pas non plus artificielle. On pourrait supposer que les gens rétorqueraient : « Après tout, en ce qui nous concerne, pour la plupart d'entre nous, nous voulons tous plus ou moins la même chose — manger, boire, faire l'amour, nous divertir ; nous voulons des arts, de la science et la vie la plus longue possible à la fois pour chaque individu et pour l'espèce. Alors laissons-les dire que c'est là ce qui nous plaît en fait et conditionner les gens de la manière qui a le plus de chance de réaliser tout cela. Où est le problème ? » Mais cela ne résoudra rien. D'abord il est faux que nous aimons tous les mêmes choses. Et quand bien même, qu'est-ce qui motiverait les conditionneurs à renoncer à leurs propres plaisirs et à mener une vie austère afin que nous et notre postérité puissions avoir ce que nous aimons ? Leur devoir ? Mais il se situe dans le Tao qu'ils pourraient bien décider de nous imposer sans qu'ils le considèrent valable pour eux. Et s'ils l'acceptent, ils ne sont alors plus des fabricants de la conscience, mais en sont encore les sujets, et leur conquête finale de la nature n'a donc pas encore eu lieu. Serait-ce alors la préservation de l'espèce ? Mais pourquoi l'espèce devrait-elle être préservée ? L'une des questions qui se posent à eux est de savoir s'il faut maintenir ce sentiment à l'égard de la postérité (ils savent très bien à quoi il est dû). Où qu'ils aillent, ils ne peuvent trouver aucun fondement solide sur lequel se tenir. Chaque motif d'agir devient instantanément une petitio. Ce n'est pas que ce soient des hommes mauvais ; ce ne sont plus des hommes du tout. En sortant du Tao, ils ont sauté dans le vide. Ceux qui leur sont soumis ne sont pas non plus nécessairement des gens malheureux. Ils ont perdu toute humanité : ce sont des produits fabriqués. La conquête finale de l'homme s'avère être l'abolition de l'homme.
Pourtant, les conditionneurs vont agir. Lorsque j'ai dit, il y a un instant, que toutes les raisons d'agir leur avaient fait défaut, j'aurais dû ajouter : toutes sauf une. Toutes celles qui revendiquent une validité autre que celle conférée par le poids émotionnel du moment leur font réellement défaut. Tout ce qui n'est pas le sic volo, sic jubeo est déclaré nul et non avenu. Mais ce qui n'a jamais prétendu à l'objectivité ne peut pas être détruit par le subjectivisme. Le désir de me gratter quand ça me démange, ou de démonter un objet quand je suis curieux, est insensible à l'action du solvant qui peut dissoudre ma justice, mon honneur ou encore mon souci de la postérité. Quand tout ce qui dit « c'est bien » a été discrédité, il ne reste plus que ce qui dit « j'ai envie ». Et ce n'est pas là une attitude qui peut être dynamitée ou contestée, puisqu'elle n'a jamais eu aucune prétention. Par conséquent, les conditionneurs en viendront forcément à n'être motivés que par leur propre plaisir. Je ne parle pas ici de l'influence corruptrice du pouvoir et je n'exprime pas non plus la crainte de voir les conditionneurs dégénérer sous son influence. Les termes mêmes de corrompre et dégénérer impliquent l'existence d'une échelle de valeurs et perdent par conséquent tout sens dans ce contexte. Ce que je veux montrer, c'est que ceux qui se situent en dehors de tout jugement de valeur ne peuvent avoir aucune raison de préférer un désir à un autre, à moins que cette raison ne se situe dans l'intensité émotionnelle du désir.
Nous pouvons légitimement espérer que, parmi les intentions qui naîtront dans la tête de gens ainsi privés de toute motivation « rationnelle » ou « spirituelle », il y en aura de bienveillantes. Je doute toutefois que les intentions bienveillantes auront beaucoup de poids, dès lors qu'elles seront dépouillées des notions de préférence et d'encouragement que le Tao nous apprend à leur conférer et qu'elles ne pourront compter que sur leur force naturelle et sur la fréquence de leur apparition en tant que phénomènes psychologiques. Je doute que nous puissions trouver dans l'Histoire l'exemple d'un seul homme qui, après s'être départi de toute moralité traditionnelle et avoir accédé au pouvoir, ait utilisé ce pouvoir avec bienveillance. Je suis enclin à penser que les conditionneurs haïront les conditionnés. Ils auront beau considérer comme une illusion la conscience artificielle qu'ils auront produite en nous, leurs sujets, ils constateront rapidement que celle-ci crée en nous l'illusion d'un sens à la vie qui soutient favorablement la comparaison avec l'absurdité de leur propre vie, et ils nous envieront comme des eunuques peuvent envier des hommes. Mais je ne veux pas insister sur ce point, car c'est une pure conjecture. Ce qui ne l'est pas, en revanche, c'est que notre espoir d'un bonheur, même « conditionné », reposera sur ce qu'on appelle communément le hasard — nous devrons compter sur la chance que les intentions bienveillantes prédominent chez nos conditionneurs. Car sans le jugement qui affirme « la bienveillance est une bonne chose » — c'est-à-dire sans retour au Tao —, les conditionneurs n'ont aucune raison de promouvoir ou d'encourager telles intentions plutôt que d'autres. Selon la logique de leur position, ils prendront leurs intentions comme elles viennent, du hasard. Et le hasard est synonyme ici de nature. C'est de l'hérédité, de la digestion, de la météo et de l'association d'idées que naîtront les motifs des conditionneurs. Leur rationalisme extrême, qui « perce à jour » tout motif irrationnel, fait d'eux des créatures au comportement totalement irrationnel. Si on ne veut ni obéir au Tao ni se suicider, il ne nous reste pas d'autre possibilité que d'obéir à nos pulsions (et par conséquent, à long terme, à la nature).
Au moment de la victoire de l'homme sur la nature, on constatera que l'humanité tout entière est assujettie à certains individus et que ces derniers sont eux-mêmes soumis à ce qui est purement naturel » en eux, c'est-à-dire à leurs pulsions irrationnelles. La nature, qui ne sera plus entravée par les valeurs, régnera sur les maîtres du conditionnement et, à travers eux, sur toute l'humanité. La conquête humaine de la nature s'avérera être, au moment de son succès apparent, la victoire de la nature sur l'homme. Chaque victoire que nous aurons semblé remporter nous aura conduits peu à peu à cette conclusion. Tous les revers apparents de la nature n'auront été rien d'autre que des retraits tactiques. Nous avions pensé la repousser alors qu'elle nous attirait dans ses filets. Nous avions cru voir des mains tendues et ouvertes dans un geste de capitulation alors que c'étaient des bras prêts à se refermer sur nous à tout jamais. Si ce monde totalement planifié et conditionné (avec un Tao qui ne sera qu'un simple produit de la planification) devait se réaliser, la nature ne sera plus gênée par cette espèce rétive en révolte contre elle depuis la nuit des temps ; elle ne s'irritera plus de ses bavardages sur la vérité et la compassion, sur la beauté et le bonheur. Ferum victorem cepit (elle a conquis son farouche vainqueur) : et si les techniques eugéniques sont suffisamment efficaces, il n'y aura pas de seconde révolte ; tout le monde rampera douillettement devant les conditionneurs et ces derniers devant la nature jusqu'à ce que la lune tombe du ciel et que le soleil se refroidisse.
Ce que je veux dire paraîtra plus clair à certains si je présente les choses sous une autre forme. Le mot nature revêt différentes significations que l'on comprendra mieux si l'on considère ses divers contraires. Le naturel est le contraire de l'artificiel, du civilisé, de l'humain, du spirituel et du surnaturel. Laissons pour le moment l'artificiel de côté. Si nous prenons, toutefois, le reste de la liste des contraires, je pense que nous pouvons avoir une idée approximative de ce que les hommes entendent par nature et de ce qu'on lui oppose. La nature semble désigner le spatial et le temporel, par opposition à ce qui n'est pas complètement, ou même pas du tout, spatial ou temporel. Elle semble être le monde de la quantité par opposition au monde de la qualité ; le monde des objets par opposition à celui de la conscience ; du déterminé par opposition à celui du totalement ou partiellement autonome ; le domaine de ce qui ne connaît aucune valeur par opposition à celui qui possède et perçoit des valeurs ; des causes (ou, dans certains systèmes modernes, du hasard) par opposition à celui des effets. Chaque fois que nous saisissons une chose de manière analytique, que nous la dominons et l'utilisons ensuite à notre convenance, il me semble que nous la réduisons au niveau de la nature, dans la mesure où nous suspendons tout jugement de valeur à son égard, ignorons sa cause finale (s'il y en a une) et la traitons en termes purement quantitatifs. Ce refoulement de certains aspects de ce qui serait autrement notre réaction globale à la chose en question est à la fois évident et douloureux : nous devons surmonter quelque chose en nous avant de pouvoir découper un cadavre humain ou un animal vivant dans la salle de dissection. Ces objets résistent à tout mouvement de pensée qui nous pousse à les reléguer dans la sphère de la simple nature. Mais il y a d'autres cas où notre savoir analytique et notre pouvoir manipulateur sont acquis au même prix, même quand nous avons cessé de nous en apercevoir. On ne regarde plus les arbres comme des dryades et on n'en voit plus la beauté dès l'instant où on les débite en planches : le premier à le faire a sans doute cruellement ressenti ce qu'il en coûtait ; et les arbres dont on voit le sang couler chez Virgile ou chez Spenser sont peut-être de lointains échos de ce sentiment originel de l'impiété. Avec le développement de l'astronomie, les étoiles ont perdu leur caractère divin et le « Dieu mourant » n'a plus de place dans une agriculture vouée à la chimie. Pour beaucoup, ce processus est tout simplement la découverte progressive que le monde réel est différent de ce à quoi nous nous attendions et que la traditionnelle opposition à Galilée et aux « déterreurs de cadavres »3 n'était que de l'obscurantisme. Mais nos constatations ne s'arrêtent pas là. Ce ne sont pas les plus grands savants qui sont les plus convaincus que l'objet est vraiment réel quand il est dépouillé de ses propriétés qualitatives et réduit à une simple quantité. Seuls les scientifiques de second ordre, les adeptes amateurs de la science, peuvent nourrir ce genre de conviction. Les savants dignes de ce nom savent très bien que l'objet ainsi traité est une abstraction artificielle, qu'il a été privé d'une partie de sa réalité.
Considérée dans cette perspective, la conquête humaine de la nature apparaît sous un jour nouveau. Nous réduisons les choses à n'être que nature dans le but de les « conquérir ». Si nous sommes sans cesse en train de conquérir la nature, c'est parce que nous appelons nature ce que nous avons déjà conquis, dans une certaine mesure. Le prix à payer pour cette domination consiste à traiter quelque chose comme n'étant « que nature ». Toute victoire sur la nature augmente la sphère de cette dernière. Les étoiles ne deviennent nature que quand nous pouvons en déterminer la masse ou les dimensions ; l'âme ne devient nature que quand nous pouvons la psychanalyser. Arracher à la nature ses pouvoirs, c'est aussi lui livrer de plus en plus de choses. Tant que ce processus n'aura pas atteint son stade final, nous pourrons soutenir que les gains sont supérieurs aux pertes. Mais dès que nous aurons franchi l'étape finale, qui consiste à réduire notre propre espèce au niveau de la simple nature, tout le processus tombera dans l'absurde ; car cette fois, l'être qui devait y gagner et celui qui aura été sacrifié seront un seul et même être. C'est l'un des nombreux cas où mener un principe jusqu'à ce qui semble être sa conclusion logique produit une absurdité. C'est comme ce célèbre Irlandais qui découvrit qu'il pouvait réduire sa facture de chauffage de moitié en utilisant un certain type de poêle et qui en conclut par conséquent que deux poêles du même type lui permettraient de chauffer sa maison pour rien. C'est le marché du magicien 'Donne-moi ton âme, je te donnerai le pouvoir !' Mais dès que nous avons abandonné notre âme, c'est-à-dire notre moi, le pouvoir ainsi acquis ne peut nous appartenir. En fait ; nous devenons les marionnettes et les esclaves de ce à quoi nous avons donné notre âme. Il est dans le pouvoir de l'homme de se traiter lui-même comme un simple « objet naturel » et de traiter ses propres jugements de valeur comme un matériau brut que l'on peut modifier à son gré pour des manipulations scientifiques. L'objection que l'on peut avoir face à ce comportement ne tient pas au fait que cette perspective demeure choquante et douloureuse (comme le premier jour passé dans la salle de dissection) jusqu'à ce que nous nous y soyons habitués. La douleur et le choc sont, au pire, un avertissement et un symptôme. La véritable objection tient plutôt au fait que si un homme choisit de se traiter lui-même comme un matériau brut, il sera effectivement matériau brut : non pas une matière première qu'il pourra façonner lui-même à son gré, comme il se plaît naïvement à l'imaginer, mais qui sera manipulée par de simples appétits, c'est-à-dire, par la nature, en la personne de ses conditionneurs déshumanisés.
Comme le roi Lear, nous avons voulu gagner sur deux tableaux : abandonner nos prérogatives humaines et les conserver en même temps. C'est impossible. Soit nous sommes des esprits rationnels obligés pour toujours d'obéir aux valeurs absolues du Tao, soit nous sommes purement nature, une sorte d'argile bonne à être pétrie et moulée en de nouvelles formes pour le plaisir de maîtres qui ne peuvent, par hypothèse, n'avoir d'autres motifs que leurs propres pulsions « naturelles ». Seul le Tao fournit à l'action humaine une loi commune qui peut englober à la fois les gouvernants et les gouvernés. La croyance dogmatique en une valeur objective est nécessaire à la notion même d'une autorité qui ne soit pas tyrannie ou d'une obéissance qui ne soit pas esclavage.
Je ne fais pas allusion ici seulement, ni même principalement, à ceux qui sont pour le moment nos ennemis publics. Le processus qui, si on ne l'arrête pas, abolira l'homme va aussi vite dans les pays communistes que chez les démocrates et les fascistes 4. Les méthodes peuvent (au premier abord) différer dans leur brutalité. Mais il y a parmi nous plus d'un savant au regard inoffensif derrière son pince-nez, plus d'un dramaturge populaire, plus d'un philosophe amateur qui poursuivent en fin de compte les mêmes buts que les dirigeants de l'Allemagne nazie. Il s'agit toujours de discréditer totalement les valeurs traditionnelles et de donner à l'humanité une forme nouvelle conformément à la volonté (qui ne peut être qu'arbitraire) de quelques membres « chanceux » d'une génération « chanceuse » qui a appris comment s'y prendre. La conviction que l'on peut inventer des idéologies à volonté et donc traiter les gens comme des υλη, des préparations chimiques, des spécimens, commence à affecter notre langage. Autrefois on tuait les malfaiteurs ; aujourd'hui on liquide les « éléments antisociaux ». La vertu est devenue intégration et le zèle dynamisme, et des garçons qui semblent avoir le potentiel d'exercer des responsabilités sont du « matériau à faire des cadres ». Plus surprenant encore, les vertus d'économie et de tempérance, et même celle d'intelligence ordinaire, sont des « freins au chiffre d'affaires ».
La véritable portée de ce qui est en jeu ici est obscurcie par l'usage abstrait qu'on fait du mot « homme ». Ce terme ne désigne pas nécessairement une pure abstraction. Tant qu'on demeure dans le Tao lui-même, nous trouvons la réalité concrète à laquelle participer veut dire être véritablement humain ; j'entends par là la réelle volonté commune et la raison universelle de l'humanité, vivante, qui grandit comme un arbre et se ramifie, selon que les situations varient, pour produire sans cesse de nouvelles beautés et d'excellentes applications. Tant qu'on parle du point de vue du Tao, on peut logiquement parler du pouvoir que l'homme exerce sur lui-même dans le même sens où l'on parlerait de la maîtrise de soi d'un individu particulier. Mais dès l'instant où nous sortons du Tao et le considérons comme un produit purement subjectif, cette possibilité disparaît. Ce qui est désormais commun à tous les hommes, c'est un universel abstrait, un plus petit dénominateur commun, et la maîtrise de l'homme sur lui-même signifie alors simplement la domination des conditionneurs sur le matériau humain conditionné, le monde de l'après humanité que presque tous les hommes d'aujourd'hui, certains consciemment, d'autres inconsciemment, s'évertuent à produire.
Rien de ce que je dis ici n'empêchera certains de décrire cet exposé comme une attaque contre la science. Je réfute cette accusation, bien sûr les vrais philosophes de la nature (il y en a encore) comprendront qu'en défendant le concept de valeur je défends notamment la valeur de la connaissance, qui ne peut que périr comme les autres lorsqu'elle a été coupée de ses racines dans le Tao. Mais je peux aller encore plus loin. J'irai même jusqu'à dire que le remède pourrait bien venir de la science elle-même.
J'ai qualifié de « pacte avec le magicien » le processus par lequel l'homme cède un domaine après l'autre à la nature en échange du pouvoir et finit par se vendre lui-même. Et je parlais sérieusement. Le fait que le savant a réussi là où le magicien a échoué a mis tant de distance entre eux dans la pensée populaire qu'elle a créé un malentendu sur la véritable histoire de la naissance de la science. On trouve même des gens qui écrivent à propos du seizième siècle comme si la magie était un vestige médiéval et la science la nouveauté venue la balayer. Ceux qui ont sérieusement étudié cette période savent que ce n'est pas vrai. Il y avait très peu de magie au Moyen Âge ; c'est au seizième et au dix-septième siècle que la magie a atteint son apogée. L'investigation magique et l'investigation scientifique, menées avec sérieux, sont deux entreprises jumelles : l'une était malade et mourut ; l'autre était vigoureuse et a prospéré. Mais c'étaient bien des sœurs jumelles. Elles sont nées du même désir. Je veux bien admettre que certains des premiers savants étaient motivés par un pur amour du savoir. Mais si nous considérons l'atmosphère globale de cette époque, nous pouvons déjà discerner le genre de désir auquel je fais allusion.
Il y a quelque chose qui unit la magie et la science appliquée tout en les séparant toutes les deux de ce que les siècles précédents appelaient la « sagesse ». Pour les sages d'autrefois, le problème essentiel était de mettre l'âme en conformité avec la réalité, et les moyens d'y parvenir étaient principalement la connaissance, l'autodiscipline et la vertu. Pour la magie, aussi bien que pour la science appliquée, le problème principal est de soumettre la réalité aux désirs humains ; et la solution est une technique ; dans la mise en pratique de cette dernière, toutes les deux sont disposées à faire des choses considérées jusqu'alors comme repoussantes et impies — comme déterrer et mutiler les morts.
Si l'on compare le héraut principal de la nouvelle ère (Francis Bacon) au Faust de Marlowe, la similitude est frappante. Vous lirez dans certains commentaires littéraires que Faust avait soif de connaissance. En réalité, il la mentionne à peine. Ce n'est pas la vérité qu'il demande aux démons, mais de l'or, des fusils et des femmes. « Tout ce qui se meut entre ses pôles immobiles sera à ses ordres » et « un bon magicien a la puissance d'un dieu » 5. Dans le même esprit, Bacon condamne ceux qui font de la connaissance une fin en soi ; cela équivaut, pour lui, à la traiter en maîtresse, par goût du plaisir, là où elle devrait être traitée en épouse, par souci de la descendance 6. L'objectif véritable consiste à étendre le pouvoir de l'homme au point que tout lui sera possible. Il rejette la magie parce qu'elle n'y a pas réussi 7 ; mais son but demeure toutefois celui du magicien. Chez Paraclese, les personnages du magicien et du savant ne font qu'un. Sans doute ceux qui ont réellement fondé la science moderne étaient-ils généralement ceux chez qui l'amour de la vérité l'emportait sur l'amour du pouvoir ; dans tout mouvement où coexistent le bon et le mauvais, l'efficacité vient des bons éléments et non des mauvais. Mais la présence des mauvais éléments n'est pas sans importance dans la direction que prennent les faits. Il serait peut-être exagéré de dire que le mouvement scientifique moderne a été vicié dès l'origine ; mais je crois qu'il serait vrai de dire qu'il est né dans un environnement malsain et à un moment peu propice. Ses triomphes ont peut-être été trop rapides et acquis à un prix trop élevé ; il faudrait probablement une remise en cause et quelque chose comme de la repentance.
Serait-il alors possible d'imaginer une nouvelle philosophie de la nature, dont les tenants seraient continuellement conscients que « l'objet naturel » produit par l'analyse et l'abstraction n'est pas la réalité tout entière, mais n'en est qu'un aspect, et qui corrigerait ainsi en permanence l'abstraction ? Je ne sais pas vraiment ce que je demande là. J'entends des rumeurs affirmant que l'approche goethéenne de la nature mériterait une considération plus complète — que même Rudolf Steiner 8 a pu discerner quelque chose qui a échappé aux chercheurs orthodoxes. Une science régénérée, telle que je me la représente, ne ferait même pas aux minéraux et aux végétaux ce que la science moderne menace de faire aux hommes. En expliquant, elle n'épuiserait pas le sujet au point de lui ôter tout sens. En parlant de parties, elle se souviendrait du tout. En étudiant le Ça, elle ne perdrait pas de vue ce que Martin Buber appelle le rapport au Toi. Toute analogie entre le Tao de l'humanité et les instincts d'une espèce animale serait pour elle une nouvelle lumière jetée sur la chose inconnue, l'instinct ; et cela grâce à la seule réalité connue de la conscience et non par une réduction de la conscience à la catégorie de l'instinct. Ses partisans n'abuseraient pas des termes seulement et simplement. En un mot, elle vaincrait la nature sans être en même temps vaincue par elle et acquerrait la connaissance à un prix moindre que celui de la vie.
Je demande peut-être l'impossible. Peut-être, dans la nature des choses, une compréhension analytique doit-elle toujours être comme le basilique de la légende, qui tue tout ce qu'il voit et ne voit qu'en tuant. Mais si les scientifiques eux-mêmes ne sont pas capables d'arrêter ce processus avant qu'il n'atteigne le bon sens et le tue également, il faut que quelque chose d'autre l'arrête. Ce que je redoute le plus, c'est qu'on me réponde que je suis un obscurantiste « de plus » et que cet obstacle pourra être surmonté sans encombre comme tous ceux qui ont été érigés pour entraver l'avancement de la science. Cette objection correspond à la propension fatale de l'imagination moderne à penser en séries — à l'image, qui hante tant nos esprits, d'une progression linéaire infinie. Le fait que nous ayons aussi souvent recours à l'utilisation de chiffres nous pousse à concevoir chaque processus comme s'il s'agissait de séries numérales, où chaque pas, de toute éternité, est du même genre que celui qui l'a précédé. Je vous supplie de vous souvenir de l'Irlandais et de ses poêles. Il y a des progressions dans lesquelles le dernier pas est sui generis, sans commune mesure avec les autres — et où aller jusqu'au bout revient à annuler tous les efforts effectués jusque-là. Réduire le Tao à un simple produit de la nature est un pas de ce genre. Jusque-là les explications du type de celles qui se poursuivent à l'infini peuvent nous apporter quelque chose, bien que ce soit à un grand prix. Mais on ne peut pas continuellement expliquer et justifier ce qu'on explique : on s'apercevra tôt ou tard qu'on a ôté tout sens à l'explication elle-même en voulant tout expliquer. On ne peut pas éternellement « percer les choses à jour ». Tout l'intérêt qu'il y a à percer quelque chose à jour consiste à voir quelque chose à travers. Il est bon que les vitres soient transparentes, parce que la rue ou le jardin que l'on voit à travers elles sont opaques. Que diriez-vous si vous pouviez voir aussi à travers le jardin ou la rue ? Il n'y a aucun intérêt à « percer à jour » les premiers Principes. Si l'on parvient à voir à travers tout, alors tout est transparent. Mais un monde totalement transparent est un monde invisible. « Percer tout à jour », c'est ne plus rien voir du tout.
Clive Staple Lewis, in L’Abolition de l’Homme (Raphaël)

1. The Boke Named the Governour (1531), 1.4 et 1.6.
2 Some Thoughts concerning Education (1693) § 7 et § 174 : « Je recommanderai aussi qu'on lui lave les pieds chaque jour à l'eau froide et qu'on lui fasse porter des souliers si minces qu'ils prennent l'eau quand il pleut ». « S'il a des dispositions pour la poésie, ce serait pour moi la chose la plus étrange au monde que son père désire ou même tolère qu'elles soient entretenues ou améliorées. À mon avis, les parents devraient mettre tout en œuvre pour les étouffer ou les faire disparaître ». Et pourtant, Locke fait partie des auteurs les plus raisonnables parmi tous ceux qui ont écrit sur l'éducation.
3. N.d.t. : Terme qui désignait, au XVI siècle, ceux qui déterraient secrètement les cadavres pour les disséquer.
4. N.d.t. : Cet ouvrage a été écrit pendant la Seconde Guerre mondiale.
5. C. Marlowe, La tragique histoire du docteur Faust.
6. Advancement of Learning (1605), livre I, p. 35.
7. Filum Labyrinthi, I.
8. N.d.t. : Rudolf Steiner (1861-1925), fondateur de l'anthroposophie, philosophie spirituelle à laquelle certains amis de Lewis adhéraient et que ce dernier a toujours combattue (cf. C.S. Lewis, Surpris par la Joie).