mercredi 1 juin 2011

En méditant... Hans Urs von Balthasar, l'Ascension du Seigneur


Actes des Apôtres (1, 1-11)
Cher Théophile, dans mon premier livre j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le moment où il commença, jusqu'au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir, par l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis.
C’est à eux qu’il s’est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu.
Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre que s’accomplisse la promesse du Père.
Il déclara : « Cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours ».
Ainsi réunis, les Apôtres l’interrogeaient : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? »
Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité.
Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem,
dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre ».
Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux.
Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel ».
Ascension et mission. La première lecture contient l'évangile proprement dit. Les quarante jours de l'apparition du Ressuscité étaient un passage très mystérieux entre la vie et la mort terrestres de Jésus d'une part et son ascension au Père d'autre part. Dès le début de sa vie, il était celui qui avait été engendré par l'Esprit et rempli par l'Esprit : le choix des Douze se produisit expressément dans l'Esprit Saint (v. 2). Maintenant il est le Glorifié entièrement rempli de l'Esprit, le « second homme, qui vient du ciel » (1 Co 15,47), celui qui, allant au Père, sera « esprit vivifiant » (ibid. 46) pour l'Église. Ce qui lui tient à cœur, c'est uniquement le « Royaume de Dieu » (v. 4), que les disciples auront à proclamer dans le Saint-Esprit, « jusqu'aux extrémités de la terre », tandis que pour les disciples qui n'ont pas encore reçu l'Esprit, c'est encore la « royauté en Israël », et le temps de son commencement, qui est importante. Mais le désir des disciples est chassé par deux choses : l'attente priante de l'Esprit et l'envoi en lui dans le monde entier : comme mes témoins. Cette couple, cet inséparable, constituera l'essence de l'Église : prière instante pour demander l'Esprit de Dieu et attestation. Les anges renvoient ceux qui regardent celui qui disparaît à la double mission qui leur a été indiquée.
Lettre aux Hébreux (9, 24-28 ; 10, 19-23)
Le Christ n’est pas entré dans un sanctuaire fait de main d’homme, figure du sanctuaire véritable ; il est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu.
Il n’a pas à s’offrir lui-même plusieurs fois, comme le grand prêtre qui, tous les ans, entrait dans le sanctuaire en offrant un sang qui n’était pas le sien ; car alors, le Christ aurait dû plusieurs fois souffrir la Passion depuis la fondation du monde.
Mais en fait, c’est une fois pour toutes, à la fin des temps, qu’il s’est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice.
Et, comme le sort des hommes est de mourir une seule fois et puis d’être jugés, ainsi le Christ s’est-il offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude ; il apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l’attendent.
Frères, c’est avec assurance que nous pouvons entrer dans le véritable sanctuaire grâce au sang de Jésus : nous avons là un chemin nouveau et vivant qu’il a inauguré en franchissant le rideau du Sanctuaire ; or, ce rideau est sa chair.
Et nous avons le prêtre par excellence, celui qui est établi sur la maison de Dieu.
Avançons-nous donc vers Dieu avec un cœur sincère et dans la plénitude de la foi, le cœur purifié de ce qui souille notre conscience, le corps lavé par une eau pure.
Continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis.
Le pouvoir sur l'univers et l'Église. La deuxième lecture décrit le pouvoir illimité que Dieu le Père a remis au Fils transporté au ciel. La résurrection d'entre les morts, l'exaltation à la droite de Dieu et la remise du pouvoir sur toute puissance créée forment un seul et même mouvement. Et cela non seulement pour le temps éphémère de ce monde, mais aussi pour le monde « à venir », glorifié en Dieu. On pourrait penser que, par une remise de pouvoir si illimitée, l'Église déchoirait au rang d'une partie (peut-être insignifiante) du domaine du Christ. S'il règne sur les puissances du monde – sur la politique et l'économie, la culture et la religion, et tout ce qui existe encore en fait de puissances dominant le monde –, alors l'Église paraît être une grandeur assez peu significative parmi d'autres. Cependant, chose étonnante, une distinction est faite entre la puissance de l'Exalté sur le Tout et sa position comme tête de l'Église, qui est son corps. Ce n'est pas le cosmos qui est son corps (il n'y a pas de « Christ cosmique »), mais l'Église seule, dans laquelle il vit par ses sacrements, son eucharistie, sa Parole, son Esprit et sa mission, d'une manière qu'éclaire l'image de l'âme et du corps. À partir d'ici, on voit assurément déjà que l'Église a le droit d'exister non pas fermée sur elle-même, mais ouverte sur le monde qui doit, à travers l'Église, être intégré dans la plénitude du Christ et de Dieu.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (24, 46-53)
En ce temps-là, Jésus ressuscité, apparaissant à ses disciples, leur dit : « Il est écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem : à vous d’en être les témoins.
Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis.
Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus d’une puissance venue d’en haut ».
Puis Jésus les emmena au dehors, jusque vers Béthanie ; et, levant les mains, il les bénit.
Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel.
Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie.
Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu.
Pouvoir de mission sans limites. C'est ce que confirme définitivement l'évangile, dans la rayonnante conclusion de Matthieu. Le Seigneur qui apparaît ici et que les disciples adorent, est déjà l'Exalté à qui « tout pouvoir a été donné au ciel et sur la terre ». « Donné », parce qu'il est le Fils qui reçoit tout du Père, mais le transmet sans condition. Le mot tout quatre fois repris embrasse toutes les dimensions imaginables, et inclut expressément en celles-ci la mission universelle, catholique, de l'Église : « Tout pouvoir » est nécessaire pour donner un ordre aussi universel : « à tous les hommes ». La mission a pour objet d’apprendre aux hommes à suivre tout ce que Jésus a dit et fait ; tout choix dans la doctrine et la vie est par là interdit. Cette mission apparemment sur-exigeante est rendue possible parce que le Seigneur est « tous les jours jusqu'à la fin du monde » avec ceux qu'il envoie, garantissant par là la possibilité d'accomplir la mission.